Copyright Jean-Pierre Mosseray

Lorsque l’on parcourt les guides touristiques des XIXe et XXe siècles, Namur est à chaque fois citée comme située aux portes des Ardennes, ce qui est géographiquement inexact. Avant d’y arriver, il faut d’abord sillonner le Condroz et la Famenne !

Le seul pont sur la Meuse existant en Namurois jusqu’au milieu du XXe siècle, pour atteindre la province de Luxembourg, est le vieux pont de Meuse ou pont de Jambes, ensuite il faut emprunter la rue du commerce, la rue des acacias et gravir la montagne Sainte-Barbe.

Malgré la destruction de ses remparts au XIXe siècle, Namur restait encore très fort enserrée dans sa « corbeille ». Il fallait trouver des solutions pour rejoindre l’autre rive, permettant de « conquérir » d’autres zones urbanisables. L’édification du pont des Ardennes était la solution pour fluidifier le trafic routier et se diriger avec plus de facilité vers le sud du pays.

L’adjudication aux ateliers de Construction de Jambes-Namur a été officialisée en date du 16 février 1951. Les travaux débuteront le 9 juillet 1951. Le devis 9900 devient alors la commande 3485. Selon R. Balau pour enlever cette commande il importait de diminuer sensiblement les quantités d’acier du projet de l’administration.

Cette construction d’acier (250 000 rivets en atelier et 150 000 sur place) constituait à l’époque le plus grand pont-route de Belgique, en trois parties. L’arche mesure 138 mètres et la largeur du pont est de 18 mètres avec trottoirs. Il aura fallu démolir dix-huit pavillons pour sinistrés sur la rive gauche.

La construction du pont des Ardennes constitue un élément majeur du développement de la commune de Jambes après la Seconde Guerre mondiale. Elle est envisagée depuis de longues années et figure régulièrement dans les délibérations du Conseil Communal où il est largement fait état de la nécessité de construire un second pont sur la Meuse entre le confluent de la Sambre et de la Meuse et le pont du chemin de fer, à la hauteur de la rue Jean-Baptiste Brabant à Namur. Le 20 septembre 1938, le Conseil Communal de Jambes, en plein accord avec l’Administration Communale de Namur, décide de faire procéder à une étude préalable et à intervenir pour un tiers dans le financement de celle-ci. Les soumissions définitives se sont ouvertes en février 1951 à l’initiative du Ministère des Travaux publics et ce pont, appelé le pont des Ardennes, élégante structure formée d’une seule arche d’acier, figure parmi les ouvrages d’art les plus remarquables de la région. Il a été inauguré par le prince Albert en juin 1954. Son incidence a été immédiate sur les plans urbanistique, économique et social. Il a valorisé de manière spectaculaire les terrains environnants, zones maraîchères muées en tissu urbain. Il débouche sur un vaste rond-point, dénommé la place Joséphine-Charlotte, donne accès à droite et à gauche à deux vastes avenues, l’avenue Prince de Liège et l’avenue Gouverneur Bovesse et permet le raccord à deux voies anciennes, la rue d’Enhaive et la rue Van Opré. Ces voies vont très tôt se couvrir d’habitations modernes, d’immeubles à appartements, d’immeubles de bureaux, de grandes surfaces commerciales. En 1961 un important établissement financier, les Assurances du Crédit, également appelé La Namur, fondé en 1946 à l’initiative de Jean Bastin, un des hommes d’affaires les plus entreprenants de la région, s’est installé en bordure de l’avenue Prince de Liège dans un vaste bâtiment construit à cet effet, occupant alors près de 300 personnes. Tous ces éléments ont contribué à augmenter et à diversifier la population de Jambes, à développer l’impact économique et social de la commune durant les trois décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale.