Restitution d’une cérémonie
funéraire gallo-romaine. © Inrap.

Gobelet ovoïde apode
(h. : 8,5 cm ; diam. sup. : 5,8 cm ;
diam. inf. : 3,7 cm). Terre jaune blanc, fine.
Coll. Société archéologique de Namur.

Urne apode à bord rentrant
(h. : 17,6 cm ; diam. sup. : 16 cm ;
diam. inf. : 14 cm) ;
terre brun noir, celluleuse
Coll. Société archéologique de Namur.

Ossements contenus dans l’urne
Coll. Société archéologique de Namur.

Une trace des habitudes funéraires romaines à jambes

Les fouilles des tombes romaines de Bèronvaux, en 1934, ont permis de mettre à jour de nombreuses céramiques datant de la première moitié du 2e siècle au milieu du 3e siècle de notre ère1. Ces céramiques sont aujourd’hui mises en valeur et accessibles au public à la Seigneurie d’Anhaive à Jambes. Bien que s’agissant de tombes modestes, c’est-à-dire occupées par des défunts appartenant à une couche sociale peu élevée de la société romaine, les céramiques découvertes nous éclairent sur les pratiques funéraires de la civilisation romaine et gallo-romaine.

Le cimetière de Bèronvaux se compose d’une trentaine de tombes à incinération. Cette pratique consiste à brûler le corps sur un bûcher à l’emplacement de la sépulture ou dans un lieu aménagé. Après le bûcher, les os sont recueillis et déposés directement dans la terre ou dans des urnes funéraires de formes et de nature différentes, notamment selon le statut social du défunt. L’emplacement de la tombe est parfois surmonté d’un caillou, d’un monticule de terre, voir d’une stèle mentionnant le nom, l’âge et la profession du défunt. La famille du défunt accomplit les rites funéraires en lui déposant une pièce de monnaie dans la bouche, afin de payer son passage sur le Styx, le fleuve menant au monde des morts. Les proches s’assurent ainsi que l’âme du défunt connaisse le repos éternel et ne tourmente pas les vivants. Un banquet funéraire est également organisé par la famille sur la tombe du défunt, ce repas est également reproduit en l’honneur de son anniversaire. Des offrandes de fruits, de céréales ou de viande sont éventuellement déposées, ainsi que des lampes à huile ou les objets personnels du défunt, comme des objets de toilette, des jeux, des amulettes ou les objets liés au métier du défunt. Ces offrandes et ce mobilier funéraire témoignent que les romains croyaient à l’immortalité de l’âme, demeurant auprès de ses descendants qui lui doivent respect et vénération.2

Les céramiques déposées dans les tombes de Bèronvaux sont des objets du quotidien, servant à conserver les aliments ou à préparer les mets. L’argile étant un matériau peu coûteux et facile à travailler, la vaisselle commune est principalement réalisée en cette matière et en bois. La vaisselle de luxe en verre, en métal ou en terre sigillée4 est plutôt réservée aux personnes plus fortunées. Les formes et décors de la vaisselle évoluent au fil du temps en suivant la « mode » romaine, la céramique constitue donc un outil de premier ordre pour le travail des archéologues, leur permettant de dater et éventuellement de situer l’atelier de fabrication5.

L’absence de vestiges ne permet actuellement pas de connaître l’emplacement des habitats correspondant au cimetière de Bèronvaux. Cependant, selon les lois romaines, il était d’usage de placer les nécropoles à l’extérieur des remparts de la ville, souvent le long des routes ou devant les portes de la ville, pour des raisons sanitaires et religieuses. L’implantation et la taille des cimetières sur le territoire de Jambes permettent donc uniquement de supposer que l’habitat à Jambes, au Haut-Empire, préfigure sa disposition au Moyen Age, c’est-à-dire une série de petites unités dispersées, et peut-être une concentration aux abords principaux du fleuve6.

Alice Perreaux,
Historienne de l’art et archéologue

  1. http://www.anhaive.be/collections/beronvaux.html
  2. Heijmans M., et. al., Dossier enseignant Rites et croyances funéraires dans l’Antiquité romaine, Musée de l’Arles et de la Provence antique. http://www.arles-antique.cg13.fr/mdaa_cg13/docs/Dos_enseignant%20ritetcroyance.pdf
  3. http://www.inrap.fr/userdata/atlas_chantier_pdf/0/162/162_fichier_2006-Bully-les-Mines-depliant-BR.pdf
  4. Terre sigillée : céramique plus luxueuse d’aspect lustré et de couleur orange à rouge brique, lisse ou ornée de reliefs réalisés au poinçon.
  5. Bruwier M.-C., et. al., Cahier pédagogique Liberchies – Germiniacum. Voyage dans le temps. Le présent à la rencontre du passé, dans le cadre de l’exposition Liberchies entre Belgique et Germanie. Guerre et paix en Gaule romaine, Musée de Liberchies, 8 juin 2004 – 5 mars 2005. http://www.geminiacum.be/documents/dossier_pedagogique.pdf
  6. http://www.anhaive.be/collections/beronvaux.html