Page 8 - Côté Jambes 52 - 2006
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ART
&
PATRIMOINE
Jacques Toussaint
Jean Materne
(Wépion, 1889-Namur, 1964),
industriel, sénateur et bourgmestre de Jambes
Le nom Materne évoque pour d’aucuns et pas
uniquement les Jambois un petit déjeuner agré-
menté de confitures de fruits pour lesquelles on
se pourlèche volontiers les babines. La commune
de Jambes a été le siège de cette confiturerie de
renommée internationale. Ce n’est pas étonnant
lorsque l’on sait que beaucoup de Jambois ont
été actifs dans le métier des vignerons et des
côteliers, un des plus anciens métiers de Namur.
Cette corporation alimentait le marché de la ville
en fruits et légumes.
M. Jean Materne photographié dans son bureau
Édouard Materne, le précurseur (1964)
Éd. Materne (né à Dave en 1856) travaille avec Jean Materne et l’expansion de l’entreprise
son père dans le domaine du commerce de fruits
(c. 1888). Il est associé à la confection du poiré, Jean Materne prend les rênes de l’entreprise en
concentré de poires et de pommes fabriqué avec 1923 et lui confère un essor considérable grâce à
l’excédent de la production. la collaboration de ses frères. Il fonde une nouvelle
Éd. Materne épouse Julie Dessy et fonde à Wé- usine à Boué (Thiérache française) dont la direction
pion une entreprise familiale sous la raison sociale est confiée à son frère Paul. Jean Materne dévelop-
Établissements Édouard Materne-Dessy spéciali- pe encore l’activité de la maison mère notamment
sés dans la production et la vente de fruits. C’est en produisant de la pectine (gélifiant utilisé dans
les confitures).
grâce à cette entreprise que la culture de la fraise La confiturerie de Jambes compte plus d’un millier
s’intensifie à Wépion et sur l’île de Dave. Madame
Materne participe aux activités de son époux en d’ouvriers accompagnés par des collaborateurs
administratifs et techniques performants.
fabriquant du sirop (sirop de betterave, sirop pur En 1940, J. Materne acquiert une usine à
fruit et sirop mélangé) qu’elle commercialise dans Bruxelles qui prendra elle aussi un certain essor.
le Namurois et la région de Charleroi. C’est l’époque où le manufacturier s’intéresse aux
L’entreprise se développe et engage du nouveau nouvelles méthodes de conservation des aliments,
personnel. En 1896, elle est transférée à Jambes notamment celles dues au froid. Après la guerre
aux abords immédiats de la gare du Nord à laquelle (1946), il fonde une nouvelle usine de Quick Free-
elle est raccordée pour faciliter l’acheminement zing à Grobbendonk spécialisée dans les conserves
des produits. L’année suivante, des mesures gou- de légumes. Ce sont les produits Frima.
vernementales entraînent l’exonération des droits Jean Materne a presque créé un monopole en
fiscaux sur le sucre, composant indispensable des produisant plus de la moitié de la confiture industriel-
confitures. Éd. Materne se lance dès lors pleine- le belge mais en s’assurant aussi des débouchés
ment dans la fabrication de ce produit. Il acquiert internationaux. Ce chef d’entreprise était apprécié
du matériel approprié et s’entoure de spécialistes. par son personnel pour ses qualités humaines pra-
Au tournant du siècle, le chef d’entreprise diversifie tiquant au quotidien un réel libéralisme social.
sa production : pâtes de fruits, conserves de fruits.
Son épouse collabore étroitement à l’expansion de Jean Materne, le politique
l’entreprise tout comme ses cinq fils. Jean, l’aîné,
travaille dans la manufacture familiale depuis l’âge Dès 1910, J. Materne adhère aux Jeunes Gardes
de 15 ans. libéraux mais c’est en 1926 qu’il entre dans la vie
8 Côté Jambes - n° 52 - 1 er trimestre 2006