Page 4 - Côté Jambes 101 - 2018

RENCONTRE « Ce n’est pas un club qui fonctionne
Frank Defays
Le Jambois est au sommet
Depuis février, il est le nouvel entraîneur
du club mouscronnois de D1A, le Royal
Excel Mouscron, avec lequel il a signé
un contrat jusqu’en juin 2019.
C’est évidemment à Jambes qu’il fait
ses débuts sur le terrain, et puis
à l’UR Namur. Ensuite, il est devenu
défenseur du Sporting de Charleroi dont
il était le capitaine, après avoir passé
six ans et demi à Virton (où il débutait
en tant que coach).
À Mouscron, il s’agit de sa première
expérience au sein d’un club de l’élite.
Rencontre avec ce Jambois qui, malgré
la distance, compte bien rester fidèle
à sa terre d’origine.
Après un parcours que nous venons Je suis né ici et j’ai toujours vécu au même
de résumer brièvement, votre nouvelle endroit, dans la même maison. Jambes c’est
vie comme entraîneur est actuellement toute mon enfance, j’y ai tous mes repères. Il
mouscronnoise. Comment s’est passée n’y avait donc, selon moi, aucune raison de
votre arrivée dans le club du Royal Excel ? déménager. Tant que les kilomètres à parcourir
pour mon travail restent raisonnables, même si
Ça a été assez rapide, c’est le moins qu’on c’est parfois lourd au quotidien, il arrive quand
puisse dire. La semaine de mon arrivée, j’avais même que je reste sur place 2-3 fois sur la
discuté avec les dirigeants du club le mardi semaine. Mais ma famille se trouve à Jambes,
13 février et le jeudi je prenais mes fonctions. mes enfants y sont à l’école, je n’avais pas envie
Je ne vais pas dire que c’était un changement de les déraciner pour quelques kilomètres.
violent mais en tout cas du jour au lendemain,
je devais traverser la Belgique, de Virton à Le football namurois n’est pas des plus
Mouscron, tout en « avalant » les 2 divisions prolifiques, comment expliquez-vous
d’écart qu’il y a entre les clubs. J’y étais cette situation ?
préparé, mais pas dans ce timing-là, il a donc Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Des raisons
fallu un temps d’adaptation. Mais je m’adapte politiques, certainement. Il y a sans doute
très bien à cette nouvelle vie. aussi des raisons de gestion de club, ce qui
Alors que vous étiez entraîneur à Virton est toujours très compliqué. Dans le football
et aujourd’hui à Mouscron, vous avez toujours namurois, la personne qui reprend le club, le
résidé à Jambes ! reprend souvent par ego et veut se débrouiller
Y’a-t-il une raison particulière à cela ? seul, le club dépend alors d’une seule
personne et de ses moyens financiers mais
Tous les Jambois me comprendront. Tout il n’y a pas de projet construit. Les premières
d’abord, c’est une commune où l’on se sent années, ils sont donc motivés et disposent
bien. Et puis, j’y suis très attaché, évidemment. d’une manne financière intéressante, mais qui
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quelques années, or, les normes du football
avec de gros moyens financiers belge en niveau national ont changées depuis.
au quotidien et l’aide de bénévoles » s’occupent de la rénovation du stade n’en
Et malheureusement, les personnes qui
mais avec un réel projet, un travail
tiennent pas compte. Tout change d’une
s’épuise très rapidement, et quand on n’atteint semaine à l’autre, avant on parlait d’un
pas ses objectifs, la motivation diminue aussi. projet de grande tribune, aujourd’hui cette
tribune-là n’est plus d’actualité, donc le projet
En termes d’infrastructures, nous ne sommes change régulièrement suivant, à mon avis, la
pas non plus les n° 1 en Belgique, ni même crédibilité du projet de l’UR Namur. En tout
en Wallonie. Je pense que s’il y a un jour cas, ce n’est pas demain que l’on accueillera
un projet commun émanant de plusieurs une équipe de niveau national au stade de
dirigeants qui planchent sur un projet, ça Jambes mais il faudra à un moment donné
pourrait fédérer le football namurois. Nous pouvoir le faire. Malheureusement, on ne voit
en avons d’ailleurs évoqué un avec mon ami de nouveau pas sur du long terme, parce que
Bekim Senturk, président de l’ES Jamboise, dans ce projet, il y a effectivement des normes
où nous avons fait nos débuts. Ce n’est pas et des demandes de licences à respecter pour
un club qui fonctionne avec de gros moyens le football national, qui est assez exigeant,
financiers mais avec un réel projet, un travail mais qui ne sont pas prises en compte. C’est
au quotidien et l’aide de bénévoles, qui un projet assez compliqué.
essaient d’organiser des choses pour gagner Nous ne pouvons pas parler football à Jambes
4 sous et pour pouvoir faire pérenniser le club, sans évoquer le souvenir de Patrick Mauléon,
tout simplement. Si à cela venait s’ajouter que vous avez très bien connu.
6 ou 7 personnes dans la même lignée, ce Avez-vous un petit mot pour lui ?
serait super. Malheureusement, on ne trouve
pas de projet à long terme, or, je pense que Je dirais que c’est avec lui que tout a
la ville et le pouvoir politique, ont aujourd’hui commencé, puisqu’il était un joueur très
besoin d’un projet qui s’inscrit dans la durée, confirmé du noyau de l’UR Namur quand j’ai
avec des interlocuteurs dignes de ce nom, et à
partir de ce moment-là une politique pourrait commencé en équipe première, j’avais 16 ans.
certainement s’engager, mais pas avant. C’est Patrick qui m’a pris sous son aile, qui m’a
un petit peu protégé de ce milieu et qui m’a
Le stade de Jambes pourra accueillir à terme tiré vers le haut. Nous avions une complicité
une équipe de football de niveau national, naturelle et partagions beaucoup de valeurs.
comment voyez-vous cette perspective ? Je n’ai pas beaucoup de mots mais beaucoup
de pensées pour lui, souvent.
C’est un grand débat. Le projet du stade
de Jambes a été évoqué et construit il y a
Vue des gradins du Stade de Jambes
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