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La moutarderie Bister fête ses 75 ans
Mais quelle est donc l’origine de la de moutarde devient introu-
Moutarde l’Impériale des Établis- vable. Les Ets. Bister déve-
sements Bister présents à Jambes loppent alors d’autres pro-
depuis 75 ans ? duits mais pour ne pas nuire
à la popularité de la moutarde,
Rien ne destinait au départ Fran- ils commercialisent ces nou- François Bister
çois Bister, tourneur de formation, veaux produits sous d’autres
d’être à l’origine du succès de la marques. Vinrent ainsi toute
moutarde L’impériale. Après la guerre une série de produits dont no-
en 1919, il a une grande envie d’en- tamment le fameux Piccalilli,
treprendre, étant connu pour son qui est actuellement le second
sens inné de la communication. La produit remportant le plus de
curiosité l’attire vers la chicorée dont succès dans la gamme.
il avait entendu parler par un membre Certes, il y a bien un champ
de sa famille. Intéressé, il reprend la expérimental en face des
firme de chicorée de la Meuse située Ets. Bister à Jambes qui est
rue de Francquen. N’ayant aucune semé de moutarde, mais a u -
connaissance du métier il décide de jourd’hui, c’est principalement du
se lancer dans ce marché. La concur- Canada que proviennent les grains
rence est grande car sur la place se de moutarde. Jean Bister
trouve déjà Van Lier Pacha. Il se tour- Dès 1950, Jean Bister, fils de
nera sans succès vers la torréfaction François, s’intéresse peu à peu à
l’entreprise familiale et c’est à la mort
du café où il se heurte à une plus forte
concurrence encore. Il aurait peut- de son père, en 1968, qu’il prend
réellement les rennes de la société.
être continué avec la chicorée encore Sa fille, Fabinne Bister, continue
quelques années s’il n’y avait pas eu aujourd’hui, le travail entamé par son Fabienne
les graves inondations en 1925 où il grand-père voici maintenant 75 ans. Bister
voit toute son entreprise sous eau
ainsi que son stock de plus de 8.000 Mais comment se fabrique la
kg de chicorée. moutarde ?
Grâce à la solidarité familiale, il
continuera encore quelques temps La fabrication de la moutarde est
et c’est en 1929, alors qu’il allait
acquérir un camion pour sa société un long processus : il commence
avec le nettoyage de la graine de
qu’il rencontre Mr Godart, fabricant
de moutarde et de vinaigre à Namur. moutarde. Ensuite on mélange la
Celui-ci tente de revendre son entre- graine avec le verjus (vinaigre, eau,
prise depuis plus d’un an. Intéressé sel), vint le trémage, le broyage (
Franz Bister pose de nombreuses très important car il contribue à la
questions et décide d’acquérir la qualité de la moutarde), le tamisage
société. Il transfère alors toutes les et la séparation de l’amende et des
machines vers la rue de Francquen et téguments, l’homogénéisation et A l’occasion de cet anni-
c’est alors que commence l’histoire la désaération et enfin, le stockage versaire les Ets. Bister ont
de la moutarde à Jambes. Profitant de la moutarde dans des tonneaux.
d’une recette soigneusement proté- Pour finir vient le passage à la chaîne publié un ouvrage que vous
gée dès 1877 par son inventeur Mr de conditionnement. pouvez vous procurer au
Godart il commercialise l’Impériale. prix de 795 BEF (19,71 )
Jusqu’à la fin de la seconde Guerre Et le piquant, qu’est-ce que c’est ?
Mondiale, la moutarde était vendue
à la louche dans les épiceries. Par Depuis toujours l’appétit et la Syndicat d’Initiative
après, les libres-services s’étant dé- digestion ont eu recours aux stimu- de Jambes
veloppés, les Ets. Bister ont créé le lants et dès l’Antiquité on a reconnu Avenue Jean Materne, 168
bocal si particulier, une reproduction ce pouvoir à la graine de moutarde. 5100 Jambes
de la forme de la grenade Mills dont Elle a également comme propriété
disposait l’armée belge. Le concept celle d’antiseptique. 081/24.64.43
joue subtilement sur l’idée que la Lorsque nous mangeons de la
moutarde est explosive et piquante. moutarde, l’impression du piquant
En 1940, la guerre apporte est essentiellement due à l’action
quelques changements, car le grain d’un principe actif sur les cellules
sensitives de notre bouche.
Côté Jambes - n° 34 - octobre 2001 11