Page 5 - Côté Jambes 31 - 2000
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SOUS LA LOUPE
            SOuS  la  lOuPE

               Liliane Joannes





                     Jacques LEFRANC


        Côté Jambes : Monsieur Le-   pu  me  déplacer,  j’ai  repris   C.J.: Avez-vous déjà exposé
                                                            ère
        franc, si je ne me trompe, vous   des  cours  du  soir.  En  1    vos réalisations ?
        êtes né à Namur en 1935?     année, j’ai obtenu le 3 ème  prix   J.L. : Uniquement en groupe,
        Jacques Lefranc : En effet,   pour une nature morte. Ayant   avec d’autres élèves de l’Aca-
        mais depuis 1948 je demeure   changé de professeur, j’ai dû   démie: à Namur, Huy, Vresse-
        à Jambes et malgré la fusion,   m’adapter à un nouveau style.   sur-Semois.  Pour  l’année
        me considère plus Jambois    Il m’a été difficile de m’éloi-  1999/2000, à la fin de mes
        que Namurois !               gner du figuratif pour aborder   études,  j’ai  obtenu  le  Prix
        C.J. : Si je m’entretiens avec   l’abstrait, que le cours d’his-  de  la Ville  de  Namur.  Ces
        vous aujourd’hui, c’est pour   toire de l’art m’a permis de   3  dernières  années  j’ai  dû,
        parler d’art et plus précisé-  comprendre. Je remercie ici   comme les autres, travailler
        ment de peinture. En fait, au   Mme Charlier dont le cours   sans  directive,  en  laissant
        départ,  ce  n’était  pas  votre   sur  l’art  contemporain  était   libre cours à mon imagination.
        activité principale ?        très intéressant. Un travail sur   Je peux dire que l’Académie
        J.L.  :  Pas  du  tout,  puisqu’à   Cézanne, dont j’avais choisi   m’a ouvert les portes de la
        l’instar  de  mon  père,  mon   le thème qui était «Cézanne,   création, et permis d’affirmer
        frère,  mon  oncle  et  mes   père de l’art moderne», m’a   ma personnalité en me dé-
        cousins,  j’ai  œuvré  comme   donné l’explication de l’évo-  gageant de toute contrainte.
        charpentier. Tout enfant ce-  lution de la peinture depuis   C.J. : Des projets pour cette
        pendant,  j’étais  attiré  par   Picasso et ses «Demoiselles   nouvelle saison ?
        le dessin. A l’époque, nous   d’Avignon». Grâce à l’expo-  J.L. : Je me suis inscrit à un
        habitions au Moulin à Vent, et   sition Turner, que j’ai visitée   cours de gravure.
        mon grand plaisir était d’aller   à Charleroi, je me suis rendu   C.J.  :  Bon  courage  et  mes
        observer  le  peintre  Albert   compte  qu’il  était  possible   félicitations pour la façon dont
        Dandoy qui reproduisait fours   de réaliser des œuvres ex-  vous  avez  su  meubler  vos
        à  chaux  et  carrières.  Pour   pressives en se servant uni-  loisirs forcés.
        mes 13 ans, mon père m’avait   quement de taches colorées,
        offert une boîte de couleurs à   sans aucun trait. Mais malgré
        l’huile et j’ai commencé par   tout,  je  reste  à  mi-chemin
        copier  des  cartes  postales.   entre figuratif et abstrait.
        Entré  à  l’école  technique,   C . J .   :   C o m m e n t   t r a -
        de 1950 à 1952 j’ai suivi des   vaillez-vous?
        cours de dessin avec M. Sar-  J.L. : Je réalise des croquis
        tillo à l’Académie de Namur.   de paysages (d’après nature)
        Ensuite, j’ai été accaparé par   et en effectue un quadrillage.
        ma vie professionnelle qui a   Je traite chaque fragment ob-
        été brutalement stoppée par   tenu en l’agrandissant. Pour
        un accident.
        C.J. : N’avez-vous pas envi-  terminer, j’obtiens un dessin
        sagé  de  retourner  à  l’Aca-  qui  n’a  plus  grand  chose  à
        démie ?                      voir avec la réalité du départ.
        J.L. : Si bien sûr. Dès que j’ai

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