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Le prieuré de Géronsart
L’origine toponymique de fortement obérée et dut s’endet- blablement le corps de logis de
Géronsart est peu connue. La ter à cause de la dévastation de la ferme. Au centre de la cour,
tradition révèle que Gérard, sei- ses biens». un petit édicule couvre probable-
gneur lorrain et comte de Namur, Une vue du prieuré, réalisée ment un puits. De l’autre côté de
vint un jour à Jambes, attiré par par Adrien de Montigny en 1604, la cour se dresse l’église sur plan
le vallon situé entre la montagne est très intéressante car elle en croix latine. Sur la droite, cinq
Sainte-Barbe et le bois de montre l’état avant son élévation édifices dont un se distingue par
Masuage. Il procéda au défriche- en abbaye au cours du prieurat sa poivrière sommée d’une gi-
ment du lieu et le consacra à la d’Augustin de Lattre. A. de rouette. À l’arrière-plan, on aper-
Vierge. Il fit édifier une petite cha- Montigny réalisa plus de 2500 çoit deux maisons qui disposent
pelle en l’honneur de la Vierge vues cavalières de villes et villa- d’une vue sur le prieuré.
Marie à cet endroit. Le vallon ges des anciens Pays-Bas espa-
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porta rapidement le nom de «val- gnols au tournant des XVI et
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lon de Gérard» et ensuite «sart XVII siècles pour le duc Char-
de Gérard», puis de «Géroldsart» les de Croÿ (1560-1612). Le vo- Jacques Toussaint,
et enfin de «Géronsart». lumineux album couvrant le Conservateur du Musée
Précédant l’installation d’une comté de Namur repose à la Bi- provincial des Arts
abbaye, le prieuré de Géronsart bliothèque nationale de France anciens du Namurois.
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eut une existence longue puis- à Paris . Il revient à Ferdinand Conservateur des collections
qu’elle se situe entre 1127 et Courtoy, Conservateur du Mu- de la Société archéologique
1605. L’évêque de Liège, sée archéologique de Namur, de Namur.
Albéron, fortement impressionné d’avoir révélé au public belge ce Rue d’Enhaive, 270
par la tranquillité du lieu, fonda recueil du Namurois, en 1938 . 5100 Jambes
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en 1127 un prieuré à Géronsart. André (alias Adrien) de Tél. et télécopieur : 081/31.09.46
Il invita un groupe de chanoi- Montigny passe, selon F. Courtoy, Portable : 0495/50.43.62
nes augustins de l’abbaye de à Namur le 16 mai 1605 mais Courriel : jacquestoussaint@tiscalinet.be
Flône à venir s’y installer. Jean, toutes les gouaches de l’album
premier prieur de 1127 à 1149, datent de l’année 1604. L’artiste
entreprit avec ses frères des tra- est donc venu plus d’une fois
vaux de construction. La petite dans nos régions. Il croque un
Pour en savoir plus
chapelle fut bien vite agrandie. site, un lieu sur le vif et peaufine C. BADOT, Jambes autrefois... et
Le prieur obtint des aides impor- son sujet en atelier. A. de aujourd’hui, Namur, s.d., pp. 51-62.
tantes de l’évêque de Liège et Montigny cherche d’abord à Ph. JACQUET et Fr. JACQUET-
du comte de Namur. Le pape In- plaire à son mécène en lui don- LADRIER, Comté de Namur, I, Insti-
nocent II vint lui-même bénir le nant des vues d’abord colorées tutions religieuses et villes. Mairie
maître-autel et le chœur de et variées, et ensuite fiables ou de Namur, dans J.-M. DUVOSQUEL
l’église. La consécration s’effec- documentaires. La finalité esthé- (sous la direction de), Albums de
tua en 1134 et l’église fut dédiée tique prend souvent le pas. Croÿ.
à la Sainte Vierge et à saint La vue reproduite ci-contre
Augustin. Le comte de Namur, montre «Ieronsart» dans un val-
Godefroid, son fils Henri et l’abbé lon, près d’un étang où un mou- Notes
de Floreffe, de Gerland furent lin tourne près de l’écluse du 1. D. MISONNE, Les Albums de Croÿ. His-
toire de la collection, dans Les Albums de
présents aux cérémonies. ruisseau. Une palissade à gros
Croÿ. Exposition à la Bibliothèque royale
L’histoire du prieuré est large- pieux de bois rejoint la porterie Albert I , Bruxelles, 1979, notamment p.
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ment développée par Camille où est aménagée une double 37 (Société royale des Bibliophiles et
Badot dans son ouvrage consa- porte : l’une piétonne et l’autre Iconophiles de Belgique).
2. F. COURTOY, L’Album namurois de
cré à Jambes. Ph. et Fr. Jacquet pour le charroi surmontée d’un
Charles de Croÿ, 1604, dans Annales du
précisent que «Le prieuré con- étage à colombages aveugles. XXXI congrès de la Fédération archéolo-
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nut un bel essor jusqu’au milieu Sur la gauche sont visibles trois gique et historique de Belgique, Namur,
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du XVI siècle, sans avoir lui- constructions basses couvertes 1938, Namur, 1939, p. 80; F. COURTOY, L’Al-
bum namurois de Charles de Croÿ (1604-
même subi de pillages, il vit en- de chaume. Une autre qui leur 1605), dans Namurcum, t. XXXI, 1957, pp.
suite sa situation économique est perpendiculaire, est vraisem- 56-59.
8 Côté Jambes - n° 41 - 2 ème trimestre 2003