Paul Cauchie

Lotissement Lambin-Van Bergen
Rue de Dave n° 92 à 96, 1908-(1909*), architecte Adolphe Ledoux. État vers 1975.

Propriété Lambin-Van Bergen
Rue de Dave n° 92 à 96, 1908-(1909*).
Vue actuelle du bâtiment d’angle.

Propriété Lambin-Van Bergen
Rue de Dave n° 92 à 96, 1908-(1909*).
Sgraffite réalisé par Paul Cauchie.

Propriété Lambin-Van Bergen
Rue de Dave n° 92 à 96, 1908-(1909*). Décollement progressif des sgraffites de l’immeuble d’angle.

À la fois peintre, graphiste, créateur de mobilier et architecte occasionnel, Paul Cauchie est un digne représentant du renouveau des arts décoratifs autour des années 1900. Il est connu par la technique du sgraffite1 en vogue jusqu’au premier conflit mondial.
P. Cauchie fréquente la nouvelle École des Arts décoratifs à Bruxelles de 1893 à 1898. Il y côtoie les précurseurs du sgraffite en Belgique : A. Crespin, J. Baes, E. Acker. Pendant une vingtaine d’années, son entreprise de décoration réalise des centaines de sgraffites pour des immeubles privés ou publics de Belgique (e. a. la maison d’un entrepreneur rue Malibran à Ixelles (1900) ou la maison du peuple de Pâturages (1903)). Géométrisme, linéarité et stylisation sont des traits de son art. En 1905, il construit sa maison-atelier reconnue comme une des œuvres les plus originales de l’Art Nouveau à Bruxelles. P. Cauchie conçoit des bâtiments avec l’architecte E. Frankinet (e. a. une maison avenue de la chasse à Etterbeek (1910) ou deux villas jumelées à Duinbergen (vers 1914)).
Pendant la Première Guerre mondiale, il s’installe en Angleterre et ensuite en Hollande. En 1918, il ouvre à La Haye un atelier de mobilier et d’habitations démontables en bois. Il se consacre essentiellement à la peinture de chevalet.

Son intervention à Jambes
Le récent ouvrage de Marc Simon, Jambes. Parcours Art Nouveau, publié par le Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes met en évidence un ensemble de trois immeubles, appelé lotissement Lambin-Van Bergen situé, rue de Dave, nos  92 à 962. Ces maisons ont été conçues par l’architecte Adolphe Ledoux (1883-1969)3 en 1908 pour être achevées l’année suivante. Les panneaux occupant les allèges4 et les tympans délimités par les arcs de décharge sont dotés d’une décoration en sgrafitte, œuvre de Paul Cauchie. On reconnaît le style géométrisant du créateur au travers de ces sgraffites.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes

Bibliographie
J. Vandenbreeden et J. Vanderperren, De samenwerking Cauchie-Frankinet, dans Monumenten en Landschappen, 6, 1983, pp. 8-19, 20-24.
B. Fornari, La maison Cauchie à Etterbeek, dans Maisons d’hier et d’aujourd’hui, n°72, 1986, pp. 2-15.
G. Dessicy, F. Dierkens-Aubry, B. Fornari, J. Vandenbreeden, M. Henricot, L. Van Santvoort et R. Dalemans, Paul Cauchie décorateur-architecte-peintre, Watermael-Boitsfort, 1994.
M. Demanet, E. Hennaut, W. Schudel, J. Vandenbreeden et L. Van Santvoort, Les sgraffites à Bruxelles, Bruxelles, 1994.
Paul Cauchie, architecte, peintre, Bruxelles, 1994.
A Van Loo (sous la dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, 2003, pp. 196-197.

Note

1. Le sgrafitte est une technique ancienne (remontant à la Renaissance) en vigueur en Belgique vers 1880. Le mur est recouvert d’une première couche d’enduit foncé et ensuite d’une couche d’enduit clair. Cette dernière couche est grattée ou incisée avant séchage. Le fond sous-jacent est mis a nu et un dessin est ainsi créé. La dernière couche peut être peinte selon des techniques variées.
2. M. Simon, Jambes. Parcours Art Nouveau, coll. Anhaive expo, 6, Jambes, 2010, pp. 59-67.
3. D. Polet, Adolphe Ledoux, architecte et bâtisseur, Bruxelles, 1995 ; A. Van Loo (sous la dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, 2003, p. 392 ; M. Simon, Op. cit., pp. 87-88.
4. L’allège est une partie de maçonnerie située en-dessous de l’appui de fenêtre.