Limites de la concession de Jambes en 1818
Carte extraite de A. Prouveur et A. Jacques, op. cit., p. 38.

Veines de Jambes1

À la rencontre des bassins miniers hennuyers et liégeois se situe Namur. Peu le savent, mais les veines de houille affleurent aux abords de la ville. Bien que de faible valeur car il ne s’agit que de quatre petites couches2 de charbon maigre3, elles ont été exploitées durant plusieurs siècles à Jambes. Parmi les anciennes mentions de cette activité, l’une remonte à 1645, quand Gérard de Ronnet sollicite l’autorisation de rechercher et d’extraire de la houille sur ses terres jamboises. On sait aussi que les Masuirs de la Montagne Sainte-Barbe ont également exploité les veines de houille sur leur propriété dès 1647.
Cependant, c’est au début du XIXe siècle que les concessions4 se multiplièrent sous Jambes.
La Concession du Bois d’Orjo est obtenue par A. de Lemede d’Hermoye et H. d’Orjo le 20 août 1823. Les premières traces de houille sont trouvées en 1825. Rapidement, les propriétaires se rendent compte que la rentabilité n’est pas au rendez-vous, le terrain étant soit schisteux – ce qui le rend fragile –, soit argileux, ce qui ralentit la progression. La Concession d’Orjo, d’une superficie de près de 93 ha, est abandonnée en 1852.
La Concession du Bois-Noust jouxte la Concession d’Orjo. D’une superficie de 44 ha environ, elle est sollicitée par J. Noust, A. de Pierpont et C. Noust le 5 novembre 18235, avant d’être rapidement vendue à la Concession de Jambes le 2 mai 1829.
Avec cette dernière – 463 ha concédés à A. de Liedekerke et F. Dehoulle le 9 février 18236 –, commencent les grandes entreprises charbonnières namuroises. Suite au rachat de la concession Bois-Noust en 1829, elle prend le nom de Concession Jambes et Bois-Noust7. Elle s’étend encore de 164 ha 61 a le 6 avril 1839 en recevant l’autorisation d’exploiter « toutes les mines de houille qui peuvent se trouver dans le territoire de la commune de Jambes »8, avant d’être cédée à la Concession de La Plante – portant depuis 1876 la dénomination de S.A. des Charbonnages Unis de Namur –, le 5 mars 1877.
Enfin, A. Rousselle, alors directeur de la S.A. des Charbonnages Unis de Namur, achète en 1875 un terrain rue du Sart (actuelle rue des Verreries) appartenant à l’hospice Saint-Gilles. L’extraction dans cette Houillère Sainte-Barbe est entamée sans tarder, et durera jusqu’à février 1878, provoquant une grande activité dans la rue.

Fiona Lebecque,
Présidente du Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes

1. Pour de plus amples informations sur le sujet, voir A. Prouveur et A. Jacques, Richesses et misères des houillères namuroises et jamboises de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, Namur, 1988 ; C. Badot, Jambes autrefois… et aujourd’hui, rééd., coll. Études et documents du Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes, Jambes, 2012.
Voir également les Cartes des concessions houillères publiées en 1906, 1922 et 1943 par l’Administration des Mines – Service géologique de Belgique. Voir aussi, publiée par la Région wallonne, la Carte des concessions minières octroyées ou maintenues sur le territoire de la Région wallonne depuis 1793, Feuille 3 : Bassin houiller de la Basse-Sambre et de Namur, Mines métalliques et mines de fer de Namur, 2003. Enfin, les archives de l’Administration des Mines sont aujourd’hui conservées aux Archives de l’État à Namur.
2. Les mines de Jambes sont décrites ainsi dans le Journal des Mines ou recueil de mémoires sur l’exploitation des mines, vol. 26, Paris, 1809, p. 63.
3. Il existe différents types de houille (ou charbon), une roche sédimentaire combustible issue de la décomposition partielle de la matière organique de végétaux. Le Dictionnaire des sciences naturelles de Cuvier (1824) présente les différents types de charbon de terre. La variété de houille nommée anthracite s’allume difficilement et ne donne presque pas de flamme ; d’ailleurs le charbon est mêlé de beaucoup de terres et de pyrite de fer, ce qui fait que ce combustible est presque tout à fait impropre à la fonte de minerais dans les fourneaux. (…) Parmi les houilles reconnues pour être de bonne qualité, on y reconnait encore des différences essentielles : les unes sont très peu bitumineuses, et on les appelle à cause de cela houilles sèches ou maigres ; elles servent à la cuisson de la pierre à chaux, au chauffage domestique, et, faute de mieux, aux fourneaux d’évaporation. Une autre variété, plus bitumineuse, qui brûle avec flamme et donne une grande chaleur, est employée particulièrement dans les verreries, les fourneaux à réverbères et dans un grand nombre de fabriques. Enfin, une troisième espèce est celle de la houille la plus pure, qui sert particulièrement aux travaux de la forge, on la nomme houille collante, maréchale. C’est la plus recherchée et par conséquent la plus chère. (pp. 249-250).
4. Concession : Périmètre fixé par un acte du Gouvernement dans lequel une ou des substances précisées dans l’acte, sont octroyées gracieusement à un concessionnaire contre certaines obligations, dont celle de les exploiter. Les concessions, dès l’octroi, constituent des propriétés perpétuelles nouvelles, détachées des propriétés de surface à leur aplomb. Le droit de propriété ne porte que sur les seules substances désignées dans l’acte et sur les travaux d’exploitation, le reste du sous-sol continuant à appartenir aux propriétaires de la surface, en vertu du Code civil. (définition donnée par le Service géologique de Wallonie et tirée du site http://geologie.wallonie.be)
5. Arrêté de Guillaume, dans Recueil des lois et actes généraux du gouvernement en vigueur dans le Royaume des Pays-Bas, t. 7, Bruxelles, 1824, pp. 320-322.
6. Voir Ministère des Travaux publics, Mines exploitées avec ou sans concession, Bruxelles, 1837, pp. 26, 66-69 et Arrêté de Guillaume, dans Recueil des lois et actes généraux du gouvernement en vigueur dans le Royaume des Pays-Bas, t. 7, Bruxelles, 1824, pp. 201-204, où sont déterminées les limites de la concession (voir le plan en illustration) : Au nord, au départ de la chaussée de Luxembourg près de la Montagne Sainte-Barbe, au point 1, par une partie de cette chaussée et par la levée de Namur à Huy jusqu’au pont du ruisseau du Trou des Larrens, point 2. Au levant, par le chemin du Trou des Larrens jusqu’à la maison du curé d’Erpent, point 4 ; par le chemin vicinal d’Erpent dit la « Grande Ruelle » jusqu’à la chaussée de Luxembourg près de la maison Hubert Oger, point 5. Au midi, par le tige dit « Falinchamps », par les limites abornées des bois de la commune d’Erpent et de Falinchamps, point 6 ; par celles de cette dernière commune entre les bois de M. Noust jusqu’au « Chemin du Camp », point 7 ; par ce chemin jusqu’au ruisseau séparatif du bois de M. de Liedekerke et celui du Masuage, point 8. Au couchant, par le ruisseau du ravin jusqu’au point 9 ; par le bord du bois de Jambes jusqu’aux maisons Hesdin, point 10 ; et par le chemin qui se dirige vers la Montagne Sainte-Barbe jusqu’au point de départ. Voir le plan en illustration de cet article.
7. Arrêté n° 518, dans Bulletin officiel des Lois et arrêtés royaux de la Belgique, 1er semestre 1839, t. 19, Bruxelles, 1839, pp. 568-569.
8. Arrêté n° 516, dans Bulletin officiel des Lois et arrêtés royaux de la Belgique, 1er semestre 1839, t. 19, Bruxelles, 1839, pp. 558-562.