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ART & PATRIMOINE
Monuments jambois disparus (I)
La grange aux dîmes
Le chapitre Notre-Dame de Namur détenait, place de Wallonie, en face du vaste bâtiment du
probablement depuis sa fondation par l’évêque Service public de Wallonie.
de Liège vers le X siècle, les dîmes du territoire On ignore la date de sa construction mais on
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qui, certainement à partir de 1231, allait devenir sait qu’en 1696, elle ne faisait pas partie des 36
la paroisse de Jambes. À ce titre, il était tenu à la maisons de Jambes ruinées par les sièges de
construction et à l’entretien de l’église, du moins 1692 et 1695 ou détruites pour faire place à de
à la nef et au chœur (bas-côtés et tour éventuelle nouvelles fortifications bastionnées, lesquelles
étant en principe à la charge des paroissiens), n’englobaient qu’une portion du « faubourg »
ainsi qu’à tout ce qui était indispensable au culte concentrée au débouché du pont de Meuse. Que
(maître-autel, vêtements et livres liturgiques, du contraire, elle servait alors de corps de garde
calice, ciboire, etc.) ; il devait également assurer pour quelques soldats !
la subsistance du curé, la fameuse « portion De menues réfections à sa toiture en ardoises Harrewijn, Plan de la Ville et Château de Namur avec les dernières
congrue », et livrer une cloche, dite décimale. y ont été effectuées en 1717, apret le grand horag Fortifications faites jusqu’à l’an 1709, 1709. Namur, Jardin du Cloître
Le produit de cette taxe ecclésiastique qui arivé le 12 jeuin 1717 – pour reprendre le texte Namur, coll. Fondation Société archéologique de Namur, inv.
B-Pl-042-05.
prélevait un dixième des récoltes (decimae en latin de l’époque –, puis en 1737 et 1742 par l’ardoisier
a donné le mot dîmes en français) était engrangé namurois Guillaume Tavelet. On sait par ailleurs
dans un bâtiment dénommé à juste titre « grange que ses murs étaient en maçonneries de pierre.
aux dîmes ». Quelques plans de Namur, de 1695 Mais dans l’intervalle, le 23 avril 1739, un contrat éventuellement plus longs que ceux initialement de cache aux troupes françaises qui s’apprêtaient
et 1704 notamment, permettent de la localiser était signé entre deux représentants du chapitre prévus, mais sans supplément de prix ! C’est la à assiéger la ville !
approximativement aux alentours de l’actuelle raison pour laquelle ce dernier, s’estimant lésé, Un des comptes de la communauté villageoise
et le maître charpentier namurois Jacques Marcin, avait quitté l’ouvrage avant son achèvement et
qui avait déjà travaillé sur la avait encouru, dès le 4 juillet, une mise en demeure mentionne encore en 1785 l’endroit où il y a eu ci-
bâtisse deux ans auparavant, musclée de la part du chapitre pour terminer la devant une grange à la disme, laquelle appartenoit
pour la confection d’une tâche. Le récapitulatif des travaux établi en juillet aux prévôt, doyen et chanoines de la collégialle audit
toute nouvelle charpente 1744 précise que ceux-ci avaient coûté 288 florins, Namur. La grange aux dîmes avait vécu.
de toiture. Cette convention dont 208 pour les bois et le reste (soit 28 % du
fixait exactement le salaire total) pour la main-d’œuvre. En 1737, les dîmes
journalier du maître (15 sous de Jambes sur les céréales et le houblon avaient Jean-Louis Javaux,
et demi), de ses assistants (13 rapporté au chapitre 711 florins... Attaché honoraire au SPW,
sous et demi) et manœuvres Département du Patrimoine
(10 sous et demi) et les L’édifice n’a pas résisté au siège de 1746 : il a été Fiona Lebecque,
délais de construction (six rasé délibérément avec une quarantaine d’autres Présidente-Conservatrice
semaines), mais surtout bâtiments du bourg, en ce compris l’église Saint- du Centre d'Archéologie,
précisait les dimensions et Symphorien, par la garnison hollandaise de la d'Art et d'Histoire de Jambes
le prix de chaque type de bois citadelle afin qu’ils ne puissent servir d’abris ou
qu’il devait fournir et mettre
en œuvre (pannes, chevrons et
voliges), la structure portante Sources :
de la charpente (fermes) étant Le sujet est inédit. Les documents principaux sont conservés aux Archives de l’État à Namur, Archives
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apparemment maintenue. ecclésiastiques, n 667 et 2231 ; Communes Ancien Régime, n 1295, 1296 et 1334.
Mais elle avantageait bien
trop le chapitre, puisque Note :
Nicolas Visscher, Plan de la Ville et du château de Namur (détail), 1695 l’artisan s’était engagé, sans
Namur, coll. Fondation Société archéologique de Namur. réfléchir, à fournir des bois 1. Recueils de motifs de droit annotés et transcrits par Jacques-Joseph Stassart et Jacques-Joseph-Augustin
Stassart de Noirmont, XVIIIe siècle, AÉN, Conseil provincial, t. IX, 3257.
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