Page 12 - Côté Jambes 104 - 2019
P. 12

ART & PATRIMOINE

        Le presbytère de Jambes


        Une histoire mouvementée !


        À l’instar de l’église, l’histoire du presbytère de   Le siège de Namur de 1695 lui a été funeste,
        la paroisse Saint-Symphorien a été tout sauf un   ainsi que pour l’église : il est incendié comme
        « long fleuve tranquille ». Que du contraire : il a   plus d’une trentaine de bâtisses de la localité,
        été reconstruit au moins cinq fois durant les cinq   brûlées ou endommagées par les bombardements
        derniers siècles. Mais à l’inverse du lieu de culte,   ou détruites pour faire place à de nouvelles
        il semble que son emplacement en bord du fleuve   fortifications.
        (aujourd’hui boulevard de la Meuse, n° 4) n’ait pas   Deux ans plus tard, le 9 avril 1697, les paroissiens
        changé au cours des temps, du moins des indices   font passer en adjudication publique – à raval
        sérieux le donnent à penser.             et moins prenant, dit le texte de l’époque – la
                                                      reconstruction de la maison pastorale au
                                                      même endroit et en remployant fondations,
                                                      murs et matériaux de sa devancière qui
                                                      peuvent être encore utilisés. C’est le
                                                      charpentier local Raes Joris qui se voit
                                                      adjuger tous les postes de la construction               Projet pour le renouvellement du perron du presbytère, dressé en 1900, par le géomètre architecte Eugène
                                                      – maçonneries, charpente, couverture et                  Hiersoul, de Jambes (Archives de la ville de Namur, Jambes, n° 867).
                                                      menuiseries – pour 409 florins. La nouvelle
                                                      bâtisse, haute d’un peu plus de quatre            de 23 ares et demi). C’est le maître maçon Melotte,   27 mai 1895, à Joseph Procès, entrepreneur de
                                                      mètres, ne comporte que quatre pièces             de Namur, qui a exécuté les travaux, dont le coût   travaux publics à Namur, pour la somme de
                                                      sur un seul niveau ; elle est éclairée par        n’est pas connu.                          23.176,15 francs, en ce compris les honoraires
                                                      des fenêtres à croisée de pierre, à l’avant,                                                de l’architecte et les frais d’adjudication. Mais
                                                      ou à encadrement de bois, côté jardin, le         Après l’annexion à la France (1794) – entérinée par   en l’absence de l’auteur de projet, parti en 1896
                                                      tout sous une toiture d’ardoises en bâtière.      le traité de Campo Formio le 18 octobre 1797 – et   pour les pays étrangers, les autorités communales
                                                                                                                                   er
                                                      Le bâtiment, inondé sous un mètre d’eau           la suppression des ordres religieux (1  septembre   sont obligées de lui trouver un remplaçant pour
                                                                                                        1796), la maison de cure de Jambes est nationalisée
                                                      en 1714 et peut-être encore en 1740, semble       en 1798 – elle est alors louée au citoyen Mazy –   surveiller les travaux (ils ne seront terminés
                                                      n’avoir pas trop souffert lors du dernier         puis vendue définitivement, le 25 pluviôse de l’an   qu’en 1899) : ce sera Léon Bocca, dessinateur à
                                                      siège de Namur, en 1746. N’empêche,               VII (13 février 1799), pour 220.000 francs au citoyen   l’administration des Ponts et Chaussées. Trop
                                                      près de quarante ans plus tard, en 1785,          Louis Mathieu.                            délabré, le perron d’entrée construit deux ans
                                                      le décimateur – le chapitre Notre-Dame à                                                    plus tôt, doit pourtant être remplacé d’urgence
                                                      Namur – et le curé Jean Collignon (1783-          Par la suite, le bâtiment, que les données   en 1900...
                                                      1797) sont obligés de le reconstruire à neuf.     cadastrales permettent de situer à l’emplacement              Jean-Louis Javaux,
                                                      Il comporte alors quatre places au rez-de-        actuel depuis 1831, est bien propriété communale.        Attaché honoraire au SPW,
                                                      chaussée, autant à l’étage, un grenier, une       Trop vétuste, il est encore une fois rebâti en          Département du Patrimoine
                                                      cave et un fournil et dispose d’un jardin         1895 (le millésime s’affiche à la pointe du pignon               Fiona Lebecque,
                                                      d’une superficie d’un journal (un peu plus        qui hérisse la façade) sur les plans dressés en           Présidente-Conservatrice
                                                                                                        1894 par l’architecte Raoul Piret, de Liège, suite         du Centre d'Archéologie,
                                                                                                        à un concours. Les travaux ont été adjugés, le          d'Art et d'Histoire de Jambes
                                                      Le presbytère d’aujourd’hui (1895-1899), conçu
                                                      par l’architecte Raoul Piret, de Liège : c’est une
                                                      construction un peu austère, vaguement inspirée
                                                      de l’architecture traditionnelle mâtinée de quelques   Sources :
                                                      réminiscences baroques (fronton, portail, faux
                                                      bossages en pointe de diamant), bien dans l’esprit du   Archives de la paroisse et de la commune de Jambes, de la province et de la Commission royale des
                                                      temps.                                              monuments, sites et fouilles.


     12   Côté Jambes 104  |  1t-2019                                                                                                                               Côté Jambes 104  |  1t-2019  13
   7   8   9   10   11   12   13   14   15   16   17