Page 12 - Côté Jambes 52 - 2006
P. 12
Énigme policière à Jambes : Double crime du PN de la
Grand-Rue à Jambes. Suite...
Les recherches sur le double crime du PN de la
Grand-Rue à Jambes ont été réalisées par Mon-
sieur Eugène Hermann, époux de Nicole Marlet,
arrière petite-fille de Louise Bouly.
Le matin de ce vendredi à 5h30, un ouvrier
de la gare était venu frapper au volet clos de la
maisonnette des Trousse. Inquiet par le manque
de réaction à son appel, il y retourna à 6h20, ac-
compagné d’un collègue. Ils trouvèrent la porte
ouverte et ils entrèrent. Ils virent la petite fille
assise sur la table qui leur dit que sa maman se les deux corps. Celui d’Emile, dont le visage
trouvait à la cave. Appelés par leur service, les était atrocement mutilé, était entièrement vêtu.
deux hommes convaincus que la garde-barrière Quant à Louise, dont le corps était décapité,
était levée, se retirèrent. Ils croisèrent au retour elle ne portait que sa chemise, un petit jupon de
le père Bouly qui se rendait au PN de sa fille. À flanelle grise et un bas. L’autre bas avait été jeté
son arrivée, à 6h30, il trouva sa petite-fille de 2 sur la haie. Sur le talus on retrouva la casquette
ans sur la table, et qui lui dit également que sa d’Emile. On ne trouva pas trace de la tête de la
maman était à la cave avec « un monsieur avec femme, que l’assassin avait emporté. La victime
une barbe noire ». Pas plus que pour son beau- possédait une chevelure superbe composée de
fils, il ne trouva trace dans la maisonnette de cheveux très longs et abondants, et par consé-
Louise, sa fille qui avait abandonné inopinément quent d’un grand prix. De l’autopsie, il résulta
et son poste, et ses enfants. que la femme n’avait pas été étranglée et que
Il trouva bizarre que la petite fenêtre qui don- l’homme avait reçu à la tête des blessures faites
nait sur le jardin, et qui était toujours fermée avec un instrument contondant. Les enfants
l’hiver se trouva largement ouverte. Sur la table furent recueillis par les grands-parents.
se trouvait la bouteille de genièvre, à peine C’est le dimanche 10 janvier 1892 à 8h30, que
entamée, qu’il avait offert à ses enfants pour la se déroula l’enterrement. Les corps avaient été
nouvelle année. Il n’y avait aucune trace de lutte reconduits à la maisonnette, où la mortuaire fut
dans la pièce, mais sur la 5 marche de la cave établie selon l’usage du temps. À cause des in-
e
il trouva une lampe à pétrole dont le verre était tempéries et des abondantes chutes de neige, le
brisé. Les débris gisaient épars sur la dernière clergé ne se rendit pas à la mortuaire. Par contre
marche de l’escalier de pierre. Plus bas encore, les cercueils furent suivis par une foule énorme
il trouva les pantoufles de sa fille sur le sol de la qui assista à la triste cérémonie religieuse. La
cave. Le père Bouly partit sur le champ avertir le douleur du vieux père faisait peine à voir. Les
commissaire de police, Mr Dossogne. sœurs de Louise pleuraient à chaudes larmes.
Au-delà du jardin de la maisonnette se trou- Depuis la veille, les beaux-frères avaient ouvert
vait un étang séparé du chemin de fer par un une liste de souscription à l’adresse des quatre
haie. On trouva des traces de sang sur la voie orphelins. Elle s’éleva à ce jour à 210,20 fr. Le
qui conduisirent à l’étang à travers une trouée lendemain elle s’élevait déjà à 350,49 fr. Et, ce
dans la haie. C’est le commissaire de police qui ne fut qu’un début, car de nombreuses festivités
le premier aperçu les deux cadavres émergeant philanthropiques furent organisées par la suite,
de l’eau, le corps de l’homme placé sous celui notamment par les Quarante Molons, pour venir
de la femme. C’est en présence de Mr Nottet, en aide aux orphelins. Une fête de patinage sur
secrétaire du Parquet, qui habitait Jambes et qui les étangs de Géronsart fut organisée dans ce
n’était pas encore parti pour Namur, qu’à l’aide but. Suite...
de crochets, des cheminots de la gare retirèrent
Côté Jambes - n° 52 - 1 er trimestre 2006
12
12 Côté Jambes - n° 52 - 1 er trimestre 2006