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Énigme policière à Jambes : Double crime du PN de la

         Grand-Rue à Jambes. Suite...


          Les recherches sur le double crime du PN de la
        Grand-Rue à Jambes ont été réalisées par Mon-
        sieur Eugène Hermann, époux de Nicole Marlet,
        arrière petite-fille de Louise Bouly.




          Le matin de ce vendredi à 5h30, un ouvrier
        de la gare était venu frapper au volet clos de la
        maisonnette des Trousse. Inquiet par le manque
        de réaction à son appel, il y retourna à 6h20, ac-
        compagné d’un collègue. Ils trouvèrent la porte
        ouverte et ils entrèrent. Ils virent la petite fille
        assise sur la table qui leur dit que sa maman se   les deux corps. Celui d’Emile, dont le visage
        trouvait à la cave. Appelés par leur service, les   était atrocement mutilé, était entièrement vêtu.
        deux hommes convaincus que la garde-barrière   Quant à Louise, dont le corps était décapité,
        était levée, se retirèrent. Ils croisèrent au retour   elle ne portait que sa chemise, un petit jupon de
        le père Bouly qui se rendait au PN de sa fille. À   flanelle grise et un bas. L’autre bas avait été jeté
        son arrivée, à 6h30, il trouva sa petite-fille de 2   sur la haie. Sur le talus on retrouva la casquette
        ans sur la table, et qui lui dit également que sa   d’Emile. On ne trouva pas trace de la tête de la
        maman était à la cave avec « un monsieur avec   femme, que l’assassin avait emporté. La victime
        une barbe noire ». Pas plus que pour son beau-  possédait une chevelure superbe composée de
        fils, il ne trouva trace dans la maisonnette de   cheveux très longs et abondants, et par consé-
        Louise, sa fille qui avait abandonné inopinément   quent d’un grand prix. De l’autopsie, il résulta
        et son poste, et ses enfants.              que la femme n’avait pas été étranglée et que
          Il trouva bizarre que la petite fenêtre qui don-  l’homme avait reçu à la tête des blessures faites
        nait sur le jardin, et qui était toujours fermée   avec  un  instrument  contondant.  Les  enfants
        l’hiver se trouva largement ouverte. Sur la table   furent recueillis par les grands-parents.
        se  trouvait  la  bouteille  de  genièvre,  à  peine   C’est le dimanche 10 janvier 1892 à 8h30, que
        entamée, qu’il avait offert à ses enfants pour la   se déroula l’enterrement. Les corps avaient été
        nouvelle année. Il n’y avait aucune trace de lutte   reconduits à la maisonnette, où la mortuaire fut
        dans la pièce, mais sur la 5  marche de la cave   établie selon l’usage du temps. À cause des in-
                               e
        il trouva une lampe à pétrole dont le verre était   tempéries et des abondantes chutes de neige, le
        brisé. Les débris gisaient épars sur la dernière   clergé ne se rendit pas à la mortuaire. Par contre
        marche de l’escalier de pierre. Plus bas encore,   les cercueils furent suivis par une foule énorme
        il trouva les pantoufles de sa fille sur le sol de la   qui assista à la triste cérémonie religieuse. La
        cave. Le père Bouly partit sur le champ avertir le   douleur du vieux père faisait peine à voir. Les
        commissaire de police, Mr Dossogne.        sœurs de Louise pleuraient à chaudes larmes.
          Au-delà du jardin de la maisonnette se trou-  Depuis la veille, les beaux-frères avaient ouvert
        vait un étang séparé du chemin de fer par un   une liste de souscription à l’adresse des quatre
        haie. On trouva des traces de sang sur la voie   orphelins. Elle s’éleva à ce jour à 210,20 fr. Le
        qui conduisirent à l’étang à travers une trouée   lendemain elle s’élevait déjà à 350,49 fr. Et, ce
        dans la haie. C’est le commissaire de police qui   ne fut qu’un début, car de nombreuses festivités
        le premier aperçu les deux cadavres émergeant   philanthropiques furent organisées par la suite,
        de l’eau, le corps de l’homme placé sous celui   notamment par les Quarante Molons, pour venir
        de la femme. C’est en présence de Mr Nottet,   en aide aux orphelins. Une fête de patinage sur
        secrétaire du Parquet, qui habitait Jambes et qui   les étangs de Géronsart fut organisée dans ce
        n’était pas encore parti pour Namur, qu’à l’aide   but. Suite...
        de crochets, des cheminots de la gare retirèrent

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