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Énigme policière à jambes : Double crime du PN dela
Grand-Rue à Jambes
Monsieur Jacques Briac nous fait part ici d’un
crime affreux qui se passa à Jambes début janvier
1892 au passage à niveau de la ligne Namur-
Dinant. Il s’agit là d’un fait réel jamais élucidé sur
base de documents officiels de la SNCB et de la
Justice.
Les parents de Marie TROUSSE, son père Emile
TROUSSE né en 1851, et sa mère Louise BOULY
née en 1861, résidaient dans la maisonnette en
briques rouges du n° 99 de la Grand-Rue à Jam-
bes. Elle était contiguë au chemin de fer, entourée
d’un jardin, et réservée au logement de la garde-
barrière qui avait en charge la responsabilité du lors de la reprise du Chemin de Fer de Namur à
passage à niveau 154/99 (BK 64.026) coupant la Liège en 1855, assumaient les mêmes charges
rue principale de la commune. Emile, son époux, professionnelles, mais au PN 154/100 de Géron-
tailleur de profession, était également entré au ser- sart (BK 64.512), qui était situé juste au-delà de
vice de la Section belge de la Compagnie du Nord la gare de Jambes, dont le trafic industriel était à
Français, dénommée Nord-Belge, avec le grade son apogée. Les deux maisonnettes étaient ainsi
de cantonnier-poseur. Ils vivaient là en 1892, au distantes de 486 mètres. La vie laborieuse des 2
rythme des journées de 14 heures de prestations couples de cheminots en parfaite harmonie était
minimum imposées à l’ouvrier de la voie qui devait exemplaire, et leur intégration tant au niveau du
assurer la surveillance et la maintenance d’une personnel, que du voisinage, ne présentait aucun
section de la voie unique, fortement sollicitée, problème. Le jeudi 7 janvier 1892, Emile s’était
reliant Namur à Dinant et au-delà. La prestation rendu chez sa mère qui habitait rue Saint-Nicolas,
de la garde-barrière s’étendait tout au long de la pour y chercher de la farine. Le soir, Louise avait,
journée. Quatre enfants égaillaient la vie de ce comme d’habitude, fermé ponctuellement la bar-
couple très uni et sans histoire; Marie, 8 ans, fu- rière pour le passage du dernier train à 22h30.
ture garde-barrière du PN 154/101 de Velaine (BK Sur le matin de la nuit du 7 au 8 janvier 1892,
65.541); Joseph, 6 ans, futur chef de gare à Dave; Emile TROUSSE fut appelé à quitter brusquement
Josephine, 4 ans; Louise, 2 ans. Le caractère des son habitation, suite pense-t-on, à une déclaration
époux était doux et obligeant. Ils étaient de bons d’anomalie ou d’avarie à la signalisation. Depuis
chrétiens pratiquants, autant que le permettaient 1862, la Cie du Nord avait installé sur une colonne
les lourdes astreintes du service, et la tenue d’un des cloches d’annonce SIEMENS, afin d’assurer
ménage de 4 enfant en bas âges. la sécurité de l’exploitation sur cette ligne à voie
Les parents de Louise BOULY, dont le père fut unique. Actionnés manuellement, ces appareils
engagé en qualité de garde-voie par la Compagnie transmettaient des signaux acoustiques à l’aide
d’impulsions de courant continu fourni par des
piles. Un nombre réglementaire de signaux
acoustiques stridents informait les agents des
gares et des passages à niveau de la circulation
des trains : départ d’un train dans le sens pair ou
impair; véhicule en dérive; arrêt général. C’était
la première apparition en Belgique de ce type de
signalisation, que les Chemins de Fer de l’Etat
n’installeront sur quelques rares lignes, que bien
plus tard, en 1874. Il gelait ferme cette nuit et le sol
était enneigé. Emile ne devait jamais plus rentrer
à son domicile. Suite...
12 Côté Jambes - n° 51 - 4 ème trimestre 2005