Page 8 - Côté Jambes 51 - 2006
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ART
                    &

            PATRIMOINE

                                                   Jacques Toussaint


                                 Le lapidaire jambois


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          Dans  une  précédente  livraison ,  nous  avons
        abordé le thème des enseignes de pierre conser-
        vées dans le centre de Jambes. L’une est située
        au n°19 de l’avenue Bourgmestre Jean Materne
        et  porte  l’inscription  AU  CORNET  D’OR/BON
        LOGIS A PIED/ET A CHEVAL 1698; l’autre est
        visible au n°53 de la même avenue et son inscrip-
        tion, à l’orthographe approximative, est lisible sur
        le pourtour supérieur de l’enseigne : AU TROIS
        CORNET BON LOGIS A/PIEDS A CHEVALLE
        1736. Voici des éléments en place dont Henry
        Bodart (1874-1940)  avait, vers 1915 déjà, croqué
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        les détails dans des dessins minutieux réalisés à
        la mine de plomb.
          D’autres  pierres  sculptées,  dotées  parfois   HANS VREDEMAN DE VRIES (1526-1606)
                                                                   Caryatides
        d’une épigraphie, existent encore sur le territoire   Gravure de Gérard de Jode (Anvers),
        de Jambes, appartenant souvent à des privés.         1565, H. x L. : 23,3 x 30 cm.
        L’ouverture officielle de la Seigneurie d’Anhaive   Hambourg, Museum für Kunst und Gewerbe
        et la tenue Journées du patrimoine sur le même            (Döry Nr. 581).
        site ont donné l’idée à deux Namurois de confier
        chacun une pierre sculptée aux gestionnaires du
        domaine en vue d’assurer une sauvegarde de ces
        traces du passé.
        Un jambage de cheminée

          Le premier élément de pierre sculptée fait l’objet
        d’un don à la Fondation Roi Baudouin par un Jam-
        bois de souche qui souhaite garder l’anonymat.
        Il s’agit probablement d’un piédroit de cheminée
        se  présentant  sous  la  forme  d’une  caryatide .
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        Malgré les mutilations importantes du visage, on
        reconnaît une physionomie humaine de face, les
        bras croisés, dont le corps se prolonge vers le
        bas non pas par des jambes mais par une gaine
        en fuseau. Celle-ci est également lacunaire. À la   HANS VREDEMAN DE VRIES (1526-1606)
        base du tronc du personnage, un mufle de lion               Cartouche
        est bordé en haut et au bas d’une coquille Saint-  Gravure de Hieronymus Cock (Anvers), vers 1555-60.
        Jacques. Le registre inférieur est décoré de motifs    H. x L. : 15,4 x 21,1 cm.
        géométriques (losanges, ovales, …).               Amsterdam, Rijksmuseum (OBP 167).
          Cette sculpture est à rapprocher des modèles
        de  Hans  Vredeman  de  Vries  (Leeuwaarden  /   voûtes  d’édifices  conçus  par  H.  Vredeman  de
        Frise,  1526  –  Anvers,    1606) .  Cet  artiste  fut   Vries mais aussi sur des cartouches ou sur des
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        peintre, architecte, dessinateur d’architecture et   dessins de jardins.
        d’ornements d’architecture, graveur et théoricien   La caryatide qui nous préoccupe pourrait dater
        de la perspective. Les recueils de ce théoricien   de la dernière décennie du XVI  siècle. Elle a été
                                                                            e
        montrent des caryatides de ce type aux motifs   retrouvée voilà quelques années dans le jardin
        décoratifs  apparentés  (tête  de  lion,  coquilles,   d’une maison située chaussée de Liège (Jambes)
        formes géométriques). Des motifs géométriques   et servait de départ d’escalier (la belle face n’était
        très  semblables  sont  visibles  sur  l’intrados  de   pas visible). La tradition orale fait état d’une ori-


   8      Côté Jambes - n° 51 - 4 ème  trimestre 2005
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