Page 10 - Côté Jambes 44 - 2004

SOUS LA LOUPE
SOUS LA LOUPE DE

Liliane Joannes

Aimé Pineux

pleine de cartes. Je faisais mon Porcelaine de Jambes (près de
choix. Une fois pensionné, je fis l’actuel Aldi) ; des haleurs de pé-
la tournée de mes anciens clients niches et leurs chevaux devant le
et eus ainsi l’occasion d’augmen- Casino ; un marchand de charbon
ter notablement ma collection. et son véhicule hippomobile ; un
Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir camion à l’enseigne de la Chico-
des «doublons» ? rée de la Meuse, dépositaire de
A.P. : J’ai une excellente mémoire la marque Carmélite ; un autre ca-
visuelle et un seul coup d’œil me mion portant la mention «Explo-
permet de voir si je possède ou sifs Yonckites-Jambes-Namur ».
non une carte. Je crois que nous devons stop-
Quel intérêt trouvez-vous dans per cette énumération. Peut-être
cette collection ? auriez-vous une petite anecdote
A.P. : Elle me permet de me plon- pour nos lecteurs ?
ger dans le passé. Tenez, voici A.P. : À une certaine époque, une
Il y a gros à parier que, pour bon
une carte représentant un tram marque de bonbons accordait
nombre d’anciens Jambois, la vue
de votre nom évoquera pas mal rue du Commerce (à Jambes). une carte de débarquement en
Au-dessus de la voie, un signal
Normandie moyennant un certain
de souvenirs. avec la mention «AU PAS» ! Ici, nombre d’emballages. La série
A.P. : C’est probable. Je suis né
le café du St Esprit, local des ma- comptait 50 cartes. À une bro-
en 1923 à Erpent, mais mon père
raîchers jambois, sur le seuil deux cante, j’avise un jeune garçon qui
possédait déjà un commerce de
cycles et machines à coudre à enfants : le fils du propriétaire et possédait 1 série. Je l’achète,
mais arrivé chez moi je n’en
moi-même. Au coin des rues
Naninne. J’y ai d’ailleurs travaillé Tillieux et du Couvent, la taverne trouve que 49. Le dimanche sui-
avec mon frère, qui a repris ledit du Phare. Le café de l’Hôtel de vant, j’avise un gamin qui, comme
commerce et s’est installé à Jam-
Ville, tenu par la veuve Caroy. Rue par hasard, possédait le numéro
bes, où il s’est consacré aux vé-
los et motos. de Francquen, se trouvait le café manquant. Questionné, il finit par
de l’Écluse.
m’avouer qu’il avait «chipé» la
Quelle a été votre nouvelle orien- Je vois qu’en ce temps-là déjà les carte à son copain. Il me l’a don-
tation ?
assoiffés n’avaient que l’embar- née !
A.P. : Je me suis marié (j’ai une
ras du choix. Une dernière question. Qu’évo-
fille et une petite-fille) et suis de-
venu délégué commercial pour A.P. : C’est vrai, et si l’on va à Na- quent pour vous ces souvenirs ?
A.P. : Une certaine nostalgie, je
mur, on trouve Place d’Armes le
une importante firme de pâtes ali- café de la Chasse Royale. Café l’avoue, nostalgie d’une époque
mentaires. des Sarrasins, de la Baraque, Hô- révolue qui ne manquait pas de
D’où vous est venue cette passion
tel Dethy prônant la marque de la charme : gens moins stressés, se
pour les cartes postales ?
A.P. : Mon père et Mr Laurent (pro- bière Bayard… connaissant mieux, prenant le
De grâce arrêtez, sinon Jambois
temps de vivre. Malgré tout, il faut
priétaire du café Le Mosanic) ef- et Namurois passeront pour un reconnaître que la vie actuelle a
fectuaient des randonnées à moto
peuple de buveurs invétérés ! Ces aussi du bon ! Comme mot de la
et nous envoyaient des cartes.
cartes présentent tout de même fin, je voudrais dire que, même si
Cela m’intéressait, et je me mis à
fréquenter les bourses de vente un autre intérêt ? ma collection peut vous paraître
A.P. : Bien sûr, elles permettent
intéressante, elle est bien mo-
ou d’échange, les brocantes, … aussi de connaître l’existence deste en regard de celle d’un ami
Je voyais arriver des personnes d’activités aujourd’hui disparues. jambois qui, lui, est un as en la
avec une boîte à chaussures
Par exemple, la Société Belge de matière.
Côté Jambes - n° 44 - 1 er
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