Aux Perce-Neige
Une nouvelle construction tout à fait optimale

Ça y est, c’est chose faite ! L’ASBL « Les Perce-Neige » a son nouveau bâtiment. Bien qu’il ne soit pas encore inauguré, Côté Jambes vous propose de faire le tour du propriétaire et profite de l’occasion pour faire le point sur une association essentielle à l’épanouissement de ces enfants « différents » si attachants.

Active depuis bientôt 50 ans (elle fêtera ses 50 ans en 2024), l’ASBL s’est spécialisée dans les soins et l’éducation des jeunes. Une mission qu’elle poursuit toujours puisqu’elle accueille aujourd’hui quotidiennement quelque 90 jeunes de 0 à 18 ans, et parfois jusqu’à 21 ans avec dérogation, présentant un polyhandicap. L’établissement offre un accompagnement adapté aux besoins éducatifs et thérapeutiques nécessaires au développement de ces jeunes au travers de trois services complémentaires : le Service d’Accueil (SA) composé de 6 groupes de vie accueillant une soixantaine d’enfants, le Service d’Aide à l’Intégration scolaire (SAIs) accompagnant près de 25 enfants et le Centre de Réadaptation Ambulatoire (CRA) qui offre un suivi thérapeutique à l’ensemble des enfants. En outre, il organise un Service Transport qui permet à une partie des jeunes d’être véhiculés depuis leur domicile au Centre et vice versa, matin et soir. Depuis sa création en 1974, la fréquentation n’a cessé d’augmenter, ce qui a nécessité de repenser les lieux.

Flash Back

On se souviendra que le premier bâtiment de l’association a vu le jour rue Gilson à Jambes en 1974. Dans les années 90, un second bâtiment toujours de plein pied pour faciliter l’accès des bénéficiaires voit le jour. En 2014-2015, le manque de place commençait à se faire sentir. On a couvert et fermé ce qu’on a appelé « la dent creuse » qui était une cour extérieure pour en faire un espace de rangement pour le matériel qui encombrait les couloirs. Durant les travaux, il sert pour les enfants. Il sera d’ailleurs, par la suite, utilisé comme espace d’activités à la demande des équipes. C’est également à ce moment-là qu’on a constaté que le plus ancien bâtiment prenait beaucoup de place au sol et ne permettait d’y proposer ni un sous-sol, ni un étage. En outre, il ne répondait plus assez aux besoins actuels, explique Nathalie Ramon, Direction Générale de l’ASBL. Dès 2016, les administrateurs, l’équipe managériale et les équipes de terrains ont pris le temps de bien étudier et d’analyser les besoins. Ainsi, ils ont mené une réflexion sur les potentialités de l’ensemble du site (intérieur et extérieur) en vue d’optimiser chaque espace. Ces différents éléments les ont convaincus qu’il fallait passer par la démolition du bâtiment de 1974 pour en reconstruire un nouveau.

Dates clés de l’association :

  • 1970 : création de l’institution par le Dr Claire Froidmont et Madame Delgoffe
  • 1972 : pose de la 1ère pierre
  • 1974 : ouverture du centre
  • 1986 et 1997 : travaux d’agrandissement
  • 1er janvier 2004 :  reprise par « Les Perce-Neige » du service de soutien dans l’école créé en 1984 et porté à l’époque par l’asbl « CAHP » devenu aujourd’hui de Service d’Aide à l’Intégration scolaire (SAIs).
  • Fin 2017 : réaménagement du parking afin de favoriser la circulation des entrées et sorties et permettre la fluidité de la circulation en toute sécurité pour les enfants.
  • Mai 2019 : démolition du bâtiment de 1974
  • Juin 2019 – mai 2021 : construction de la nouvelle aile, aménagement du jardin et agrandissement du parking
  • Juin 2021 : installation dans la nouvelle aile
  • 7 Mai 2022 – 14h : inauguration de la nouvelle aile

 

Nouvelle aile pensée et pragmatique

 En mai 2019, la démolition de l’aile concernée a commencé. Se sont ensuivis l’ensemble des travaux jusqu’à l’installation dans le nouveau bâtiment en juin 2021. Aujourd’hui, le site se répartit comme suit : à gauche de l’entrée principale, le nouveau bâtiment, et à droite, celui des années 90’. C’est dans ce bâtiment-là que sont répartis en 6 groupes de vie l’ensemble des jeunes. Un lieu qui connaît toujours quelques menus travaux de transformation et rénovation.

Quant à la nouvelle aile, elle a été pensée en fonction des besoins, de concert avec les équipes de terrain, afin d’optimiser l’espace et de renforcer l’aspect pratique du lieu. Ainsi, tout en occupant moins de place au sol, elle s’étend sur 2.000 m² répartis en trois niveaux contre un bâtiment de plein pied de 750 m² auparavant.

Le rez-de-chaussée est exclusivement dédié aux enfants et à leurs soins. C’est là que sont installés tous les services thérapeutiques multidisciplinaires comme ceux des ergothérapeutes, logopèdes, kinésithérapeutes et psychomotriciens, ou encore un nouvel et grand espace sensoriel qui doit encore être aménagé pour compléter l’offre de services et la gamme d’activités sensorielles pour les jeunes.

Chaque espace a son accès direct au jardin dont l’aménagement a également été repensé en y incluant des sentiers accessibles pour les PMR. Le bâtiment est ainsi rendu plus accessible aux enfants avec des espaces de vie mieux adaptés à leurs besoins et mieux aérés.

Au sous-sol, des caves permettent de loger la chaufferie et de stocker du matériel. Enfin, au premier étage, se trouvent les bureaux administratifs et les espaces de réunions.

L’extérieur connaît aussi du changement. La nouvelle implantation a permis d’agrandir le parking facilitant l’accès des minibus matin et soir, ainsi que les allers-retours en toute sécurité de certains jeunes qui se rendent à l’école située en face.

Une piscine

Le rez-de-chaussée de la nouvelle construction comprend également une piscine totalement rénovée. Outre une magnifique vue sur le jardin avec un accès direct vers celui-ci, elle est surtout mieux adaptée aux différentes formes de handicap. À même le sol, elle est équipée de barrières de sécurité automatiques. Elle sera accessible à tous les enfants nécessitant de l’hydrothérapie ou pour un moment de détente dans l’eau. Un nouvel outil thérapeutique qui n’est pas encore ouvert au moment de la rédaction de ces lignes. En cause des ? Des malfaçons, mais qui sont en cours de réparation. La directrice nourrit l’espoir de l’ouvrir au printemps prochain, probablement le 7 mai en même temps que l’inauguration de la nouvelle aile.

Du neuf avec de l’ancien

Pendant ce temps, le bâtiment construit dans les années 90 connaît lui aussi quelques travaux de rénovation et même d’agrandissement. Ainsi, trois salles de réunions sont devenues une salle de kiné. Un nouveau un local à l’usage du service médical est installé et les travaux de la nouvelle salle blanche (salle d’accueil des enfants de 0 à 5 ans) sont toujours en cours. C’est dans cette salle que sont accueillis les enfants à leur première arrivée au centre.

Budget : Trois millions d’euros

Le budget total des travaux était de trois millions d’euros. « Il a fallu trouver du financement car le financement structurel ne pouvait servir à la construction », explique Nathalie Ramon. « On a répondu à un appel à projet spécifique infrastructure de l’Agence wallonne pour une vie de qualité (AVIQ), anciennement AWIPH, et nous avons eu la chance de le remporter. Cet apport constitue 20% du budget ».  Plus ou moins 50% viennent des donateurs et des actions menées par l’association. « Les dons et recettes de nos actions étaient soigneusement gardés dans la perspective d’investissements structurels. Pour le solde, l’ASBL a souscrit à un emprunt. Un crédit qu’elle espère rembourser grâce aux dons et aux recettes de ses prochains événements tel que le Gala cinéma ou les « Œufs Reux » (assortiment d’œufs en chocolat GALLER) et quelques autres actions organisées par le personnel et les familles.

Un financement structurel indispensable

Sur la question du montant du budget annuel, Nathalie Ramon préfère rester discrète. Toutefois, il faut savoir qu’au départ, la majorité des subsides venaient de l’Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées (AWIPH) et de l’INAMI (Institut National d’Assurance Maladie-Invalidité). Mais aujourd’hui, la Wallonie a confié la gestion de certaines de ses matières à des OIP (organismes assurant des missions d’intérêt public) comme l’AVIQ. En conséquence, la majorité des subsides proviennent aujourd’hui de la branche du handicap via l’AVIQ. Il existe également une convention avec les mutuelles qui prend en charge toutes les thérapies (psychomotricité, ergothérapie, logopédie et kinésithérapie) dispensées aux enfants.

Une majorité de ces moyens financiers servent au fonctionnement du centre (entretien, chauffage, éclairage, etc). L’autre grosse partie des financements passe dans la rémunération des travailleurs. Enfin, 5% des subsides sert à développer des activités du type événements ponctuels pour les enfants : des activités avec des personnes qui viennent de l’extérieur (genre musique, spectacle, mais aussi sorties extérieures comme séjour à la mer ou dans les Ardennes, parties de bowling, cinéma) soit autant d’activités que possible pour sociabiliser les bénéficiaires. Car rappelons-le, l’un des objectifs de l’association est de sociabiliser les enfants qui leur sont confiés (contribuer à l’adaptation, à l’intégration sociale et familiale, à l’autonomie, à l’épanouissement de ces jeunes) à travers des activités. Si, depuis 2020, la pandémie de la Covid-19 a restreint les activités en extérieur, les enfants n’en sont pas privés puisque l’association les fait venir au sein même de l’établissement.

Elle changea leur vie 

Elle, c’est Nathalie Ramon. Arrivée en 2011, elle a fêté en 2021 ses 10 ans à la tête de l’association. Dix ans de passion, confie-t-elle.  « C’est un bail, mais c’est aussi comme si j’étais arrivée hier. On a mené beaucoup de projets que j’ai souvent impulsés mais j’ai eu la chance d’être suivie par les équipes et les familles. Et le résultat est un travail d’équipe. Tous les jours, en observant la vie au sein de l’association avec les enfants et les équipes, j’assiste à la naissance de nouvelles idées et je découvre du neuf, et c‘est grâce aux enfants, à l’équipe et aux parents. »

Une directrice enthousiaste et généreuse très appréciée par « ses » équipes, comme elle dit. La preuve, il y a quelques mois, à l’occasion de ce dixième anniversaire, « ses » équipes lui ont offert une version revue et corrigée de la chanson « Il changeait la vie » de Jean-Jacques Goldman, qui semble bien lui coller à la peau.

« Il changeait la vie »

Ca fait dix ans c’t’année, qu’elle est à nos côtés
Depuis le vent nouveau ne cesse de souffler
La vie à Perce-Neige a déjà bien changé
L’av’nir serein du centre c’est sa prioritéC’est pas toujours facile mais elle ne lâche rien
Défis, rigueur, méthode rythment son quotidien
Les oeufsreux, le gala sont les fruits de tout ça
Elle gère les finances, les affaires, c’est une femme de caractère
Une directrice hors pairEt puis y a les enfants, les siens bien évidemment,
Elle nous en parle souvent, c’est sa vie de maman
Ceux qu’on accueille ici, elle en prend soin aussi
Toujours un petit mot gentil, un regard attendriElle aime participer à nos activités
Connaître la vie en salle, elle trouve ça génial
Elle adore les voire rire, des étoiles plein les yeux
Si chacun fait son travail, et que tout l’monde est heureux
Pour elle c’est ce qu’il y a de mieuxEnfin parlons maintenant, de c’qui lui plait vraiment
Le chocolat, le thé, et puis la marche à pied
Elle aime aussi chanter, danser, se déguiser
Pensez : robe et bottes de chantierA fond en troisième bande, elle adore dépasser
Certains, dans sa voiture, s’accrochent à la poignée
Elle aime les beaux discours, et celui d’aujourd’hui
S’est transformé en chanson, que m’on reprend à l’unisson

Dix ans et un bilan riche de projets

Si, comme le disent les paroles de la chanson, Madame Ramon adore se déguiser, elle a toutefois la tête bien sur les épaules. Ces dix années ont été remplies de défis, de projets et d’événements dont notamment « Les Œufs reux ». Née en 2014 à l’occasion des 40 ans de l’institution, l’opération « Les Œufs reux » remplace « l’opération Choco ». « Un beau partenariat avec une chocolaterie qui dure dans le temps. Une action dont le nom et les slogans émergent des équipes. Comme exemple de slogan, on peut citer « Croque un œuf, offre du neuf ». De plus chaque année sur la carte d’accompagnement, on met « en vedette » 4 ou 5 enfants différents, ce qui crée un lien fort et positif » explique Nathalie Ramon.

Dans le développement des activités du Centre, épinglons également l’arrivée plus régulière de séjours organisés pour les enfants. À l’arrivée de Madame Ramon au centre, seuls les enfants du SAIs en bénéficiaient. Avec ses équipes, elle a mis en place des séjours en extérieurs complets (jour et nuit), alors que Les Perce-Neige est un centre de jour. Et depuis 2015, les enfants du Service d’Accueil bénéficient eux aussi de ce type de voyage. Des expériences extra-muros qui permettent au personnel de découvrir les enfants la nuit et ainsi de mieux comprendre ce que les parents vivent. « Ce sont aussi quelques nuits de répit pour les parents », précise la directrice.

Les défis de demain

Les défis de demain restent nombreux : maintenir et poursuivre le développement du Centre, rester à l’écoute des envies de l’équipe, répondre aux attentes et besoins des enfants et de leurs familles restent la priorité de l’institution. Elle continuera à développer des activités tout en maintenant ce qui fonctionne bien aujourd’hui comme les actions « Oeufs Reux », les galas, etc. Rappelons-le, l’association, qui fêtera ses 50 ans en 2024, a besoin de soutiens pour continuer à cheminer avec ces enfants « différents » afin de les aider à s’épanouir.

Les Perce-Neige ASBL
Rue Jean Gilson, 1
5100 Jambes
081 302 201

asbl@lesperceneige.be

Les blancs : (La « dent creuse » où a été construite une salle prévue au départ pour du stockage seul, mais qui sera finalement dédiée en partie au mouvement. Il faut entendre par là gym au tapis, exercices selon la méthode Veronica Sherborne, petits parcours de psychomotricité, etc.)