Cimetières de Béronvaux et Basse-Anhaive
Le passé de Jambes ne ressort véritablement dans les sources historiques qu’à partir de l’époque de Jean de Flandre. Pourtant, bien avant que celui-ci n’ait choisi de s’installer à Anhaive, à portée de vue du château de son père Guy de Dampierre, des populations humaines se sont établies à Jambes et y ont laissé des traces de leur présence. En effet, en août 1934, lors de la construction du couvent des Pères de Scheut sur les hauteurs de Bèronvaux, quatre tombes romaines furent découvertes de manière fortuite. Ferdinand Courtoy, conservateur du Musée archéologique de Namur, fit alors entreprendre des fouilles qui eurent lieu en deux phases. En tout, une trentaine de tombes furent découvertes bien qu’elles durent être plus nombreuses à l’origine. Elles sont toutes à incinération conformément à la mode funéraire du Haut-Empire (27 av. J.-C. – 192 ap. J.-C.) et ont livré un mobilier modeste constitué de céramiques communes, d’un verre, d’une fibule, etc. Les éléments dégagés ont permis de dater ces tombes des IIe et IIIe siècles de notre ère. Pour ce qui est de l’implantation de ce cimetière au sein de son habitat, on peut penser que la colline de Bèronvaux et ses alentours se prêtent bien à l’implantation d’une ancienne villa.
En 1956, c’est toujours fortuitement qu’à Basse-Anhaive, lors de la construction d’un atelier de mécanique, des tombes romaines furent trouvées. Les archéologues n’ayant pas été conviés aux découvertes, nous ne disposons aujourd’hui que de très peu d’informations. L’une de ces tombes a fourni l’un des seuls exemplaires wallons de cistes, c’est-à-dire un coffre de pierre monolithe coiffé d’un couvercle pyramidal. En son sein, deux urnes de verre bleu contenant des ossements calcinés ont été retrouvées. Cette tombe a également livré une importante quantité d’objets divers tels qu’une figurine d’animal en métal, une sorte de chandelier, une cuiller en bronze, un strigile (utilisées pour se nettoyer après la pratique sportive), un dé ou encore un pion de jeu en os. Ces objets ont permis de dater la tombe aux alentours de la fin du IIe ou au début du IIIe siècle. Les objets qui témoignent de l’aisance des défunts sont proches de ceux retrouvés typiquement dans les tombes à tumuli. L’habitat de cette tombe pourrait peut-être être lié à la présence d’un gué à Basse-Anhaive, dont on trouve mention au XVIe siècle, bien que la tombe semble riche par rapport à la population que l’on peut imaginer dans un tel contexte.
Quoi qu’il en soit, on peut déduire de l’implantation et de la taille des cimetières d’époque romaine que l’habitat à Jambes, au Haut-Empire, préfigure ce qu’il sera au Moyen Âge : une série de petites unités dispersées avec, peut-être, une certaine concentration aux abords du principal passage du fleuve. Il se différencie en cela de Namur où un habitat groupé relativement important existe depuis cette époque.
Note :
Antoine, J.-L, Les cimetières romains de Bèronvaux et de Basse-Anhaive et leur contexte archéologique, dans La seigneurie d’Anhaive, Jambes, Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes, 2005, p. 23-32.
http://anhaive.be/2019/07/18/les-ceramiques-provenant-du-cimetiere-de-beronvaux-cj89-2015/