Deuxième édition du budget participatif 
Carpe Diem et Jambes 2000, deux associations jamboises lauréates.

Les 15 lauréats du second appel à projets dans le cadre du Budget participatif ont été révélés en juin dernier. On relève parmi ces projets deux initiatives jamboises. On rappellera que le budget participatif est une pratique de plus en plus répandue dans les communes. À Namur, la participation citoyenne fait même partie intégrante de l’action politique puisque depuis la dernière législature, la commune compte un échevinat et une cellule de la participation citoyenne.

Vous l’avez compris, l’enjeu est d’encourager la participation citoyenne dans le développement de projets d’intérêt général mis en œuvre par et pour les citoyens sur le territoire de la commune. Pour ce faire, une enveloppe de 330.000 € (même montant que l’an dernier) a été mise à la disposition des projets citoyens. Les projets devaient tenir compte des thématiques de l’environnement, de la dimension sociale et/ou du cadre de vie.

Côtés Jambes est parti à la rencontre de ces deux associations lauréates jamboises qui font bouger les choses.

Notre première halte a lieu au sein de l’association Carpe Diem, anciennement ASBL « Les Ateliers ». Située du côté de Géronsart sur les hauteurs de Jambes, l’association a pris ses quartiers en 2009 à l’ancien couvent des pères de Scheut. Pour rappel, Carpe Diem est un lieu d’accueil de jour (SAJA) et d’hébergement (SRNA) pour personnes adultes en situation de handicap intellectuel. C’est dans le contexte d’un quartier en développement, la rue du Plateau, et de la présence d’un vaste jardin de plus d’un hectare qu’est née l’idée de créer un jardin partagé et une mini-ferme accessible à tous. L’envie était bel et bien là ; il restait à peaufiner le projet et à en trouver le financement.

Un projet dans l’air du temps

Voilà comment l’association annonce son projet dans sa communication. Mais cet objectif de création d’une mini-ferme et d’un jardin potager partagé va bien au-delà d’un effet de mode : il s’inscrit dans la durée et, surtout, il répond aux valeurs fondamentales de partage et d’inclusion invitant les citoyens à y participer de près ou de loin. Il se veut aussi intergénérationnel et promeut le « bien vivre ensemble » en recréant du lien avec les voisins, avec les enfants de l’école communale fondamentale de Belle-Vue toute proche, en bref avec le voisinage de manière générale. Comme le précise Christine Déplechin, directrice de l’association, « l’idée de départ était de construire le projet avec des partenaires extérieurs, en l’occurrence nos voisins, et par là même de créer du lien. Comme partenaires, on dénombre la Douceur des Coteaux Mosans, le Réseau de Consommateurs Responsables, la crèche de la Sonefa et l’école communale fondamentale Belle-Vue. Et puis, la nature et l’animal sont des moyens de partager des valeurs humaines, de développer la solidarité et la coopération, d’apprendre à se connaître avec bienveillance et dans le respect des diversités sociales et culturelles ».

Très concrètement, il faut savoir que le projet a débuté en 2021. La mini-ferme est déjà ouverte et a d’abord accueilli 2 chats prénommés Ginette et Willy ainsi que 2 lapins, Oscar et Juliette. En septembre, 8 lapins provenant d’un refuge ont rejoint la ferme. En 2023, la mini-ferme ouvrira ses portes à 2 chèvres. D’autres animaux pourraient venir étoffer le cheptel. L’association est en réflexion concernant notamment un petit poney. Les animaux accueillis sont soignés par les bénéficiaires avec l’aide de l’équipe éducative et des bénévoles.

S’inspirer de la nature

Quant au jardin potager partagé, il est envisagé en permaculture, c’est-à-dire qu’il pourra produire des fruits et légumes sains et nutritifs tout en sauvegardant la nature et l’écosystème. Le 9 octobre prochain, le RCR (Réseau de Consommateurs Responsables) partenaire du projet viendra initier à la permaculture les bénéficiaires, les résidents, les bénévoles, les éducateurs, les voisins et tous ceux qui le souhaitent. Une partie du jardin potager sera en extérieur. Ce seront des bacs montés sur supports afin d’en garantir l’accès aux personnes à mobilité réduite. À l’heure de la rédaction de ces lignes, un bac carré en bois a trouvé place dans le jardin. Début 2023, une serre viendra compléter le potager. Par ailleurs, un lieu de compostage a été mis en place. À terme, l’association espère pouvoir utiliser une partie des légumes cultivés par les résidents, bénévoles et éducateurs dans la préparation des repas des bénéficiaires.

Le projet prévoit également la construction d’un espace de rencontre qui symbolisera le projet dans sa globalité en y incluant la création de liens et son introduction dans la vie du quartier. Cet espace comprendra un atelier pour les ouvriers, un ou deux ateliers pour les bénéficiaires du Centre de jour, un espace activités pour les ateliers communs, notamment avec les partenaires, ainsi qu’un espace de rencontres, de discussions et d’échanges. Il s’agira d’un bâtiment en bois dont le coût, selon les prévisions, devrait avoisiner les 200.000 €.

Un financement participatif pour un projet participatif

L’ASBL reçoit bien quelques subsides, mais ceux-ci ne sont pas éligibles dans le cadre de la construction d’un bâtiment. Il a donc fallu trouver de l’argent ailleurs. C’est tout naturellement que l’association s’est tournée vers le financement participatif. D’une part, elle a lancé un crowdfunding via la plateforme LabCap48 with CBC qui lui a permis de récolter un total de 13.248 euros. D’autre part, elle a répondu à l’appel à projets de la campagne du budget participatif de la Ville de Namur dans la catégorie B. Après avoir passé avec succès les différentes étapes, elle a appris le 10 juin dernier qu’elle faisait partie des 15 lauréats. Elle bénéficiera dans ce cadre de la somme non négligeable de 62.500 € qui servira notamment au développement du jardin, de la mini-ferme et des enclos pour les animaux, à l’achat de l’outillage adapté, à l’entretien et à la nourriture des animaux, aux activités et ateliers-animations divers. À ces deux sources de financement viendront s’ajouter de généreux 15.385 € dont bénéficie la structure à travers de généreux dons. Quant au financement du futur « espace rencontre », Carpe Diem souscrira un emprunt, car ce type de dépense n’est pas éligible dans le cadre du budget participatif.

Selon les modalités de ce dernier, les lauréats ont deux ans pour réaliser entièrement leur projet avec l’obligation d’avoir entamé ceux-ci dans les six mois après la signature de la convention avec la Ville de Namur, soit d’ici février-mars 2023. Pas de problème pour l’association : sa mini-ferme accueille déjà quelques animaux et le jardin comporte déjà quelques carrés potagers sur pied. Christine Déplechin ambitionne de pouvoir ouvrir le jardin potager partagé aux intéressés dans le courant du printemps prochain.

Parcours Workout pour toutes et tous

La deuxième escale nous amène au parc Astrid et plus précisément dans les locaux de l’ association Jambes 2000, lauréate elle aussi du budget participatif avec son projet de « parcours workout » pour toutes et tous au parc Reine Astrid.  Un projet en deux volets qui comprend le « street workout » et un « Parkour Park ».

En fait, l’idée de ce parcours date d’il y a 5 ans. Il répondait à une demande des jeunes qui fréquentaient alors la Maison des Jeunes de Jambes de pouvoir exercer une activité sportive de manière libre et gratuite. Malheureusement, à l’époque, le projet n’a pas pu se concrétiser. « Puis, il y a eu la crise sanitaire avec pour conséquence la fermeture de la MJ. On s’est rapidement rendu compte que, même si l’établissement était fermé, les jeunes flânaient désœuvrés devant les locaux en consumant leur ennui. Ils étaient en demande d’activités mais, Covid oblige, on ne pouvait rien faire en intérieur. Les circonstances étaient réunies pour enfin donner vie à notre « parcours workout », lequel a évolué entre-temps en comportant un volet davantage « Street » et un volet « parkour park », explique Souat Berisha, responsable du pôle accueil au sein de l’ASBL.

Du sport urbain

Pour les non-initiés, le « street workout », que l’on peut traduire par « musculation de plein air », est un sport à mi-chemin entre la gymnastique et la musculation. La discipline se pratique en extérieur et utilise le poids du corps mêlant figures de force, souplesse et équilibre. Elle ne nécessite pas vraiment d’infrastructures à proprement parler. Au moment de la rédaction de ces lignes, le choix des obstacles n’a pas encore été opéré. Toutefois, quand une structure est mise à disposition, il s’agit le plus souvent, de barres de tractions, de barres parallèles, d’ échelles, etc.

Quant au « Parkour » ou art du déplacement, il s’agit d’une discipline sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels par des mouvements rapides et agiles (course à pied, sauts, gestes d’escalade, déplacements en équilibre, etc.) sans l’aide de matériel. Le dispositif se composera de blocs de béton spécifiques pour parkours de formes et de hauteurs différentes.

 Face au parc

Pour ces deux activités, les infrastructures seront interpénétrées et se partageront les jardins situés de part et d’autre des escaliers menant aux locaux de la Maison des Jeunes, rue du Parc Astrid. L’objectif de cette disposition est de favoriser les échanges entre ces disciplines complémentaires.

Un prix de 18.975 €

Et comme on ne s’improvise pas concepteur de parkour en un claquement de doigts, l’association jamboise s’est tournée vers l’ASBL Namuroise « Nozarū – Movement Project » spécialisée dans la discipline. Il restait à trouver l’argent pour financer le projet. Un financement sur fonds propres était impossible pour l’ASBL Jambes 2000 d’autant qu’elle a perdu entre-temps son agrément de « Maison des jeunes » délivré par la ministre de la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un agrément qu’elle espère d’ailleurs récupérer bientôt ! L’appel à projets lancé dans le cadre de la deuxième campagne du budget participatif est arrivé juste au bon moment. Il faut dire que le projet a une large dimension sociale puisqu’il se veut libre d’accès, gratuit, ouvert à tous quel que soit votre âge, votre condition physique, votre aptitude à une pratique sportive. De plus, il ne nécessite aucun équipement particulier. Et enfin, il prône des valeurs de rencontre, de partage et de solidarité.

En tant que lauréate du budget participatif, l’association Jambes 2000 recevra 18.975 € pour la mise en œuvre de son parkour d’infrastructures sportives dont l’inauguration est envisagée à la mi-juin 2023.