Les Échassiers Jambois
Un groupe folklorique aux couleurs de Jambes (partie 1)

De gauche à droite, au-dessus :
?, ?, Réginald Demarcin, Philippe Simon, ?. Robert, ?, ?, ?, Véronique Demarcin, Alain Demarcin, ?
En-desssous :
?, ?, ? Gérard, ?, ?, ?, ?, ?, ? Coll. SIJambes.
Dans chaque numéro de Côté Jambes, notre rubrique « Art & Patrimoine » lève le voile sur un pan de l’histoire et du patrimoine jambois. Récemment, nous avons redécouvert l’existence d’échassiers jambois, ces figures méconnues de notre passé. C’est pourquoi, les trois prochains numéros de Côté Jambes consacreront leur rubrique « Art & Patrimoine » à cette tradition oubliée, pour retracer son histoire et redonner vie à ce patrimoine unique de notre quartier.
Vous connaissez probablement les Échasseurs namurois : ce sont des jouteurs sur échasses de la ville de Namur. Le terme échasseur provient du wallon namurois chacheu, qui désigne le jouteur sur échasses. Actifs depuis plus de 600 ans, les Échasseurs namurois sont l’un des plus vieux groupes sur échasses au monde. Il y a les Mélans et les Avresses. Jadis, le terme Mélans désignait la brigade des échasseurs du centre de la ville, alors que les Avresses venaient des villages aux alentours de Namur.
Et les Échassiers jambois, vous connaissez ?
Certains historiens amateurs ou pas, d’archives du vieux NAMUR ont découvert dans leurs recherches ce qui pourrait être considéré comme l’origine des ÉCHASSIERS JAMBOIS. Ces archives et rapports d’historiens parlent des « BEQUILLEUX » des 18e et 19e siècles1.
À l’époque, la Meuse namuroise n’était pas encore canalisée comme nous la connaissons aujourd’hui, et ses rives étaient souvent fangeuses.
Les maraîchers, à l’époque, devaient quelques fois monter sur des échasses pour ne pas perdre leurs sabots dans la boue des berges. Il est aussi fait mention de vignerons qui montaient également sur échasses pour surveiller de haut leurs vignobles, car la maraude existait déjà en ce temps-là.
Ils produisaient le vin, mais distillaient aussi l’alcool (notre pékèt) au départ du raisin et du grain. Et, lors des vendanges, ces vignerons et maraîchers aimaient se rassembler en fin de journée pour goûter le vin et l’alcool, et se distraire un peu, entre gens de la terre. Le vin aidant et l’ambiance créée, ils chaussaient leurs « béquilles » pour danser en groupe et chanter

Céramique à l’effigie des Échassiers Jambois
Coll. privée.
Sans avoir encore de vocation réellement folklorique, les Échassiers Jambois aimaient se croire les descendants de ces béquilleux et perpétuer ces anciennes traditions.
C’est dans cet esprit qu’en 1974, Jean-Baptiste Demarcin a créé le Groupe des « JAMBES DE BOIS » pour représenter l’ASBL « LOISIRS et JEUNESSE » de Jambes-Montagne qui, cette année-là était invitée à JUGON les LACS en BRETAGNE.
D’emblée, les couleurs bleu et blanc de la ville de Jambes (avant la fusion) ont été choisies pour les échasses.
Leur local était situé au Chalet, rue du Cimetière, un local qui existe toujours (Le Chalet de Jambes Montagne). De sources sûres, dans les rues avoisinantes, on se souvient encore de ce groupe aux couleurs de Jambes, tant pour leurs prestations que pour leurs préparations près de la cour, devant le cimetière. »
Les échasses étaient de couleurs bleu-blanc, de la taille identique à celles des échasseurs Namurois. L’essence de hêtre a été privilégié pour sa robustesse. Cependant, il n’y avait pas de cercle en fer au bout de leurs échasses, contrairement à Namur, car cela facilite la joute avec freinage pour les échasseurs. Ici, sans fer, l’usure était plus importante.
Jean-Baptiste Demarcin, menuiser de métier, s’est lui-même chargé de fabriquer les paires d’échasses pour les membres : les plus grandes pour les adultes, des moyennes pour les enfants, et même des petites pour les baby échassiers.
Note :
- Les Echassiers Jambois « Jambes de Bois », dans Vers l’Avenir, jeudi 23 août 1984, p. 7.
Remerciements :
Nous tenons à remercier Monsieur Benoît Martin-Schmets pour sa passion du patrimoine et les informations qu’il nous a fournies, ce qui nous a permis de redécouvrir ce groupe. Saluons également la gentillesse des nombreux membres des Échassiers (Madame Moreau et sa fille, Monsieur Réginald Demarcin, fils du fondateur, et Monsieur Van Esch), qui ont permis de retracer cette belle histoire et de mettre des noms sur les photos. Certaines personnes n’ont pu être identifiées ; si vous reconnaissez quelqu’un, ou si vous vous reconnaissez vous-même, n’hésitez pas à nous aider à compléter ce tableau. Un immense merci également à Madame Laora Sacré, qui a généreusement laissé en dépôt une échasse au Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes.