François Bovesse
François Bovesse est né le 10 juin 1890, rue du Président, au cœur du vieux Namur. Son père, François (1865-1933) était fonctionnaire à l’administration des Contributions. Sa maman se nommait Jeanne Richard-Jacques (1870-1963).
Très tôt, dès ses 18 ans, il s’engage en politique en s’inscrivant au parti libéral. Il est sensibilisé à la cause wallonne par Jules Destrée qui fonde, en 1911, une section locale des «Amis de l’art wallon» à Namur.
À partir de 1912, il étudie le droit à l’université de Liège. C’est à cette période qu’il fonde Sambre et Meuse, hebdomadaire culturel consacré à la région namuroise dont la devise est Pour l’art en Wallonie. Alors que ce périodique traite peu à peu de politique, François Bovesse devient quant à lui un véritable militant wallon. Il adhère à la ligue wallonne de l’arrondissement de Namur et prend le poste de secrétaire de la Jeune Garde de Wallonie.
En 1914, quelques jours après la proclamation qui lui donne le grade de docteur en droit, il est appelé sous les drapeaux. Il combat à Liège, Anvers et sur l’Yser. Blessé, il est ensuite affecté à l’Auditorat militaire de Calais.
Après la guerre, il occupe différents postes dont la seule énumération illustre les services rendus à la Ville de Namur, à la Province, à la Wallonie et à la Belgique : animateur de la ligue wallonne de Namur, délégué à l’assemblée wallonne jusqu’en 1927, échevin de l’état civil et des beaux-arts de 1927 à 1929, député (1921-1925 et 1929-1937), ministre des P.T.T. (1931-1932), de la justice (deux mandats : 1934-1935 et 1936-1937) et de l’instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936). C’est dans le cadre de cette dernière affectation qu’il promulguera le plan d’études primaires, inspiré par les idées d’Ovide Decroly.
Formidable orateur, militant de la cause wallonne, il devient l’homme de la Wallonie au gouvernement. Il se bat pour l’égalité des droits entre Flamands et Wallons. Il est l’ennemi des flamingants et des nouvelles lois linguistiques qui représentent selon lui un danger pour la francophonie.
C’est dans cet esprit qu’il crée les fêtes de Wallonie en 1923, comme une réponse identitaire. Sensible à la culture locale et à la conservation du patrimoine, il est aussi l’auteur d’œuvres poétiques et littéraires, en grande partie inédites. Citons La douceur mosane (poèmes, 1938), Histoires d’un autre temps (contes et nouvelles, 1940) et quelques pièces de théâtre dont Meuse (1938).
À partir de 1936, il doit subir des attaques et des vexations de la part des rexistes. Il est aussi nommé gouverneur en 1937 et se prononce dans une lettre à Paul Janson pour la «centralisation administrative ayant pour base les provinces».
Durant la Seconde Guerre mondiale, il organise la vie des exilés belges en France en tant que haut commissaire du gouvernement belge à Sète.
À son retour, il est démis de ses fonctions de gouverneur par l’occupant. Toute activité publique lui est interdite. Il travaille alors comme avocat à Namur.
Il ne cesse de subir les intimidations de l’occupant et des collaborateurs. Il est finalement assassiné par les rexistes à son domicile le 1er février 1944.