Jambes : une seconde vie pour la gare et aussi pour les vélos

Depuis plusieurs années, de nombreux guichets de gares ont été fermés et remplacés par des bornes électroniques. Ces mêmes gares représentent un patrimoine que la SNCB a décidé de valoriser à travers son projet « La Vie en Gare » qui encourage, en concertation avec les communes, le développement de projets locaux à finalité sociale, sociétale ou environnementale.

La gare de Jambes n’a pas échappé à ce phénomène. Fermée depuis décembre 2021, elle a repris vie le 15 septembre grâce à l’arrivée de la coopérative « Les Ateliers de la bicyclette », un atelier flambant neuf de réparations, reconditionnement et vente de vélos.

Derrière cette initiative, on retrouve deux frères : Thomas et Stéphan Simon, ainsi qu’ Olivier Carlier et François Vander Stappen, quatre férus de vélo qui à force, de voyages et d’amitié, ont décidé de développer une activité autour de la thématique du vélo.

Un espace entièrement dédié aux activités liées au vélo

Et du projet, parlons-en. Les anciens guichets ont été transformé en atelier. L’activité se déploie à travers différents pôles dont chacun est géré par l’un des quatre fondateurs.

Le premier pôle est mécanique. Il concerne la réparation, le reconditionnement et la vente de tous les types de vélos. C’est Thomas Simon qui s’en charge. « Nous aurons des vélos neufs, mais on veut mettre l’accent sur la seconde main et les vélos reconditionnés, soit typé pour le voyage, soit urbains pour un usage quotidien. » Pour les bicyclettes neuves, ils ont opté pour une marque qu’ils connaissent bien pour l’avoir testée eux-mêmes. Quant aux vélos de seconde main, ils proviennent de la collaboration avec la SNCB qui s’est engagée à leur fournir les vélos abandonnés le long des voies de chemin de fer. Des collaborations avec la ressourcerie et avec les parcs à conteneurs du BEP sont également à l’étude. Elles permettraient de récupérer des lots de vélos et de les vendre réparés ou reconditionnés selon leur structure en vélos de voyage ou vélos urbains, et pour un prix abordable. Dans cette logique du prix de vente accessible, les Ateliers de la bicyclette acceptent tout dons de vélo.

Les navetteurs prenant leur train à Jambes peuvent aussi y déposer leur deux-roues pour un simple entretien et le récupérer le soir au retour.

En deuxième lieu figure le pôle spécifiquement technique. Il est assuré par François Vander Stappen, ingénieur de formation, qui en connait… un rayon. Selon le type d’activité que vous projetez de concrétiser, il sera la personne de choix pour vous recommander un type de pneus neufs, de selle, de pignons, de fourche, etc.

Créer une communauté autour du vélo

Vient ensuite le pôle communautaire et événementiel. C’est là qu’Olivier Carlier entre en « selle ». Le contrat avec la SNCB implique l’animation de salle d’attente après journée. Concrètement, une fois par trimestre, différents événements verront le jour comme des conférences, des projections de films de gens qui ont réalisé des trips à vélo, des débats sur le sujet, … Un premier événement a déjà eu lieu le 22 septembre en collaboration avec le Gracq à l’occasion de la clôture de la semaine de la mobilité. Le prochain événement sera l’inauguration officielle de l’atelier le 20 octobre. « L’idée est de créer une communauté autour du vélo à travers une communication spécifique sur les réseaux sociaux d’une part, et à travers l’organisation de petits événements qui incitent à la mobilité douce. Exemple : inviter un couple qui accepterait d’abandonner une de ses voitures au profit du vélo à venir expliquer son choix, son projet pour inciter d’autres citoyens à franchir le pas. Et puis, sans prétention aucune, nous avons une expérience dans les domaines du vélo, du voyage à vélo, de la mécanique, de l’équipement et des tracés d’itinéraires, et nous aimerions en faire profiter les gens », ajoute Thomas Simon.

Le quatrième et dernier pôle touchera aux voyages. Entendez par là le développement de voyages en famille et de minitrips en Wallonie qui combineraient différents modes de mobilité comme le train et le vélo. Cela pourrait être par exemple un mini-séjour d’un, de deux ou de trois jours dans la région namuroise, en pédalant pour commencer autour de la ville de Namur, ou à Dinant, ou en combinant les deux itinéraires… C’est Stéphan Simon qui concoctera ces minitrips et les autres voyages. La région offre un large éventail de possibilités et Stéphan, qui ne manque pas d’idées, a déjà en tête des circuits aux multiples combinaisons.

Les quatre comparses envisagent aussi d’ouvrir l‘activité à la location de vélos, des machines et du matériel. À l’heure actuelle, c’est encore au stade de projet, mais cela pourrait se concrétiser dès l’an prochain.

Quant au choix du statut de coopérative, il répond à des choix personnels des quatre amis, mais surtout à leur envie d’entreprendre différemment, de réaliser un projet évolutif auquel d’autres activités liées au vélo et à la mobilité viendraient se greffer grâce à d’autre coopérateurs.

Un intérêt pour Namur

Bien que les quatre amis ne soient pas namurois d’origine, ils ont un intérêt pour la commune. Thomas Simon, qui vient de s’installer à Jambes à quelques pas de la gare, est impliqué depuis un certain temps dans la vie associative namuroise. Quant à Olivier, il est entraîneur au Royal Rugby Club.  « On voulait que l’activité trouve sa place à Namur car la ville est traversée par trois routes du réseau EuroVélo. Je pense que Namur est une des rares villes européennes dont le territoire est traversé par trois euroroutes. C’est donc plutôt exceptionnel ! », explique Thomas.

Les itinéraires EuroVélo passant par Namur

Le réseau EuroVelo totalise 91.500 km et traverse l’Europe du nord au sud et d’ouest en est. La Belgique compte cinq itinéraires EuroVélo, soit plus de 1.000 km, dont trois passent par Namur (les EuroVélo 3, 5 et 19) et empruntent en grande partie les réseaux du RAVeL.

L’EuroVelo 3 : Véloroute des Pèlerins qui relie la Norvège à Saint-Jacques de Compostelle (7 pays – 5.300 km)
L’EuroVélo 5 : Via Romea Francigena relie Londres à l’Italie (7 pays – 3.200 km)
L’EuroVélo 19 : Meuse à Vélo relie Verdun aux Pays-Bas (3 pays – 1.050 km)

Namur était donc choisie comme le point de départ de la future activité, mais il restait à en trouver l’endroit précis. « Pendant qu’on cherchait un lieu, on a découvert l’appel d’offre de la SNCB concernant la gare de Jambes. On s’est immédiatement dit que c’était là qu’on devait s’installer.

Au départ, on voulait créer une sorte de camp de base du vélo qui aurait regroupé différentes activités autour de la bicyclette. Et puis le projet s’est affiné et adapté aux murs de la gare pour en arriver à ce projet-ci. C’est le lieu qui a créé la finalité du projet, et non l’inverse », précise Thomas Simon.

Réhabiliter les espace vides de la SNCB

Grâce au projet « La Vie en Gare », la SNCB fait de la disparition des guichets une opportunité de ramener de la vie en gare. À Jambes, l’appel a été lancé en juin 2021. Il prévoyait la prise en charge par la SNCB des travaux pour rendre le lieu accessible. Ces réalisations coûtent généralement entre 15.000 et 40.000 euros. Les aménagements et finitions propres à l’activité de l’atelier étaient quant à eux laissés à charge de la coopérative. L’idée étant de ramener de la vie en gare, les grandes baies vitrées de la gare côté quai comme côté parking (rue de la Gare fleurie) ont été préservées. Ainsi, on voit ce qui se passe à l’intérieur.

La mise à disposition du lieu n’est pas gratuite. Les nouveaux locataires paient à la SNCB un loyer qui a été défini par les quatre entrepreneurs à l’issue d’une étude du marché local. Sur la base de ces données, ils ont formulé une proposition que l’entreprise ferroviaire a acceptée. Précisons que le bail consacre une concession renouvelable de huit ans.

Si selon Thomas Simon « le bâtiment est idéal et ils ne pouvaient pas rêver mieux », la superficie totale du lieu mis à leur disposition est de 121m2 et comprend la salle d’attente (espace événements), l’ex-espace des guichets (l’atelier) et le local arrière qui lui est contigu (pour le stock). Les coopérateurs ont bien conscience de l’exiguïté relative des lieux qui doivent tout de même contenir un atelier de réparation et un espace de vente. Ils sont d’ailleurs déjà à la recherche d’un garage à proximité de la gare.

 Et, tout comme nous, vous vous demandez peut-être si le passage de quelque 120 trains par jour et les annonces transmises par les diffuseurs des quais ne vont pas rendre fous nos quatre entrepreneurs, Thomas Simon se veut rassurant : « Je suis là depuis quelques jours et je ne les entends déjà pratiquement plus ».

Les Ateliers de la bicyclette
Ouvert du mardi au vendredi de 9h à 18h
Le samedi de 10h à 18h.
Rue de la Gare fleurie 1, Jambes
0499 897424
coop@lesateliersdelabicyclette.be
www.facebook.com/lesateliersdelabicyclette