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Combat 2017

Jambes cède le titre de Roy des Jouteurs à La Plante

Le 13 août dernier, après les 51e Nuits de Buley, un grand moment folklorique s’est déroulé à La Plante, après les mises à l’honneur de divers Plantois, la brocante dominicale et la participation de la Frairie Royale des Masuis et Cotelis jambois, ce fut le moment le plus attendu de l’après-midi du dimanche, les Joutes nautiques sur la Meuse.

Après une joute épique, le Jambois, Frédéric Hutsemekers a dû céder cette année sa place de Roy des Jouteurs, à un Plantois Simon Lafontaine. Il n’a pas hésité, au moment d’éliminer le dernier Jambois Dimitri Karassavas, de penser qu’après sept participations il serait le grand vainqueur de cette finale et gagnerait le Saint Graal !

Une victoire technique plantoise qui l’a emporté sur la force jamboise.

Origine de ces joutes ? ( )

Avant la canalisation de la Meuse au XIXe siècle, la navigation sur le fleuve offrait de sérieuses difficultés. La profession de batelier exigeait une longue formation technique; sa pratique était pénible en certaines saisons, voire présentait de sérieux dangers. De son côté, la navigation sur la Sambre n’était pas fort aisée. Dur métier, d’où nécessité d’heures de détente. Aussi les bateliers de Sambre et Meuse, maîtres, compagnons, apprentis y allaient-ils franc jeu les jours de liesse. Leurs fêtes, corporatives et autres, passaient pour bruyantes…

Les membres de la frairie ne pouvaient manquer d’utiliser leurs qualités professionnelles pour se livrer à des amusements en rapport avec leur métier. Expert en navigation, ils pratiquaient tout naturellement les divertissements nautiques, d’autant plus que les Namurois jouissaient de la réputation d’être excellents nageurs et plongeurs.

Le vieil historien Galliot nous rapporte à ce propos :

… Les anciens comtes de Namur excitoient les jeunes gens à prendre souvent ces sortes de divertissements et pour mieux les y animer, ils y assistaient en personne et distribuoient eux-mêmes des récompenses aux vainqueurs.

Le jeu « sportif » le plus renommé au moyen âge a été la joute. On sait l’importance qu’occupèrent les tournois dans la vie féodale. Les bateliers s’en inspirèrent. Sur un plan plus populaire, ils créèrent les joutes nautiques où le bateau remplaçait le destrier.

De nos jours, les joutes sur l’eau sont dénommées, d’ordinaire : «Joutes Lyonnaises», car elles sont demeurées en grande faveur dans la région de Lyon. Elles constituent à la fois un véritable sport et un exercice fort amusant et très spectaculaire. Ce type de joute est signalé dans la région de Lyon dès le milieu du XVIe siècle. Sur un plan scénographique de Lyon en 1550 apparaissent, sur la Saône, deux jouteurs s’affrontant déjà suivant les règles encore en vigueur aujourd’hui. Cette figuration sur un plan témoigne qu’il s’agit d’un usage bien connu à Lyon à cette époque. Aussi les Lyonnais ne sont-ils pas loin de penser que c’est dans leur région que ce type de joute s’est développé et que leurs ancêtres en furent les initiateurs. Or les joutes nautiques apparaissent à Namur au début du XVIe siècle. Les archives namuroises en font mention lors d’une fête organisée le 3 juillet 1519, pour célébrer l’élection de Charles-Quint en qualité d’empereur.

Il semble bien que, déjà en ce temps, des joutes nautiques étaient pratiquées chez nous suivant un usage traditionnel. Les textes n’en parlent pas comme d’une innovation mais les citent comme chose connue.

… Dans notre ville, il en fut des joutes nautiques comme des combats d’échasseurs. On en relève des mentions dans les archives communales, dès le XVIe siècle, car l’Administration communale, à partir de cette époque, prit l’habitude d’en organiser en l’honneur de souverains ou de personnages de marque, de passage à Namur et aussi lors des réjouissances publiques. Un exemple : en avril 1559, le roi d’Espagne Philippe II, souverain de nos provinces, signait avec la France le traité de Cateau-Cambrésis, qui mettait fin aux longues guerres entreprises par son père, Charles-Quint. L’annonce de la paix fut accueillie avec une joie débordante.
A Namur, les autorités communales organisèrent trois jours de fêtes. Parmi les réjouissances populaires, il y eut une joute nautique, un « esbatemens en joustans sur la rivière de Sambre ». Deux équipes se mesurèrent. Sans doute, firent-elles merveille l’une et l’autre, car l’Administration communale octroya à chacune une grosse tonne de cervoise.

Cependant…. les joutes sur l’eau furent beaucoup moins fréquentes que les combats d’échasseurs, car on ne pouvait pas en organiser en toute saison.

Comment se pratiquaient les joutes nautiques dans le Vieux Namur ?

Galliot, un Namurois du XVIIle siècle en a laissé une vivante description :

Le champ de bataille était le bassin de la Sambre autrement dit la Basse-Sambre. Deux escadres étaient composées de six nacelles rangées aux bouts du bassin.
Elles étaient montées de six hommes, quatre rameurs lestement habillés, un qui battait le tambour et le sixième qui était le combattant qui était habillé de pied en cap d’une toile bleue avec des nœuds de rubans rouges aux poignets, aux coudes, aux épaules et aux genoux et un bonnet blanc sur la tête, orné d’une cocarde de la même couleur. Il était debout sur un petit tillac posé sur la banquette, armé d’une lance de bois munie avec d’un gros bouton plat au bout, la poitrine couverte d’un plastron d’osier. Le signal du combat était donné par trois fanfares de timbales et de trompettes.

( ) Le Guetteur Wallon, Jeux et Sports Nautiques à Namur, revue trimestrielle, 46ème année, 1970, n° 1, pp. 6-12.

Une joute nautique dans le vieux Namur.

Pour une question de décor, l’artiste a représenté le combat vers le confluent de la Sambre avec la Meuse. En réalité, les joutes se déroulaient plus en amont dans la rivière.

Tableau du peintre Albert Dandoy, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.