La finale de «jeux sans frontières» s’est déroulée à jambes en 1966?1

Beaucoup de Jambois se souviennent de la finale mythique de l’émission télévisée de « Jeux sans frontières » de 1966. Elle s’est déroulée dans le stade communal archi-comble de Jambes le mercredi 14 septembre 1966. Comme d’aucuns, je puis dire que j’y étais. Regarder ce jeu populaire à la télévision ou être présent sur le lieu des « hostilités » n’a rien de comparable. Les passions se déchaînent et le bruit dépasse le taux acceptable de décibels. L’ambiance est à son comble et s’anime au fil des points engrangés ou perdus. Le chauvinisme s’exprime bien sûr et atteint la démesure. On est alors fier d’être belge et  en l’occurrence jambois.

À l’instar d’ « Intervilles », « Jeux sans frontières » se déroulait en duplex de deux villes européennes qui s’affrontaient au cours d’épreuves sportives et culturelles. Lors de la finale de 1966, l’équipe de Jambes affrontait les concurrents d’Eichtätt en Allemagne. À Jambes, le présentateur et créateur du jeu Guy Lux (1919-2003) œuvrait pour l’ORTF et Jean-Claude ?Menessier (1934-1999) pour la RTB. On se souvient aussi des arbitres « stars » : Gennaro Olivieri (1922-2009) et Guido Pancaldi (1922-2011).

Les deux équipes furent brillantes mais les Jambois y ont cru jusqu’au bout. L’avantage est passé d’une équipe à l’autre au cours des épreuves sportives souvent agrémentées de savon noir et de questions livrées aux « intellectuels » de chaque ville. Les trois jeux organisés à Jambes consistaient en la récupération de ballons au-dessus d’un plan d’eau, pour le second, des échasseurs portaient des pots d’eau sur la tête en évitant certaines embûches tandis que le troisième jeu mettait en scène des serveurs d’assiettes remplies de crème à raser bivouaquant en patins à roulettes à travers divers obstacles. Quant à Eichstätt, les trois thèmes étaient l’hippopotame, la course poursuite à bicyclette et Laurel et Hardy.

Les supporters des Jambois étaient nombreux en l’occurrence ceux de Tamines mais aussi d’autres cités de la province. Les slogans agrémentaient le stade. Avec des jambes on va partout. Une autre banderole proclamait Et l’on marche aussi très bien sur échasses. Malgré les encouragements et le soutien des troupes, les Jambois ont caressé de près la victoire mais le score fut sans appel : 7 à 5 pour Eichstätt. Le bourgmestre de Jambes Raymond Materne (1931-2007) et toute la population ont subi cette défaite comme une catastrophe car comme on le dit toujours, on méritait de gagner !

Le Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes détient la coupe décernée à l’occasion de ces jeux mémorables. Le trophée est en argent sur support de bois. Nous restons fiers de cette deuxième place car grâce à ce jeu télévisé, Jambes a connu le feu des projecteurs et un rayonnement européen, l’espace d’un soir.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes

Note

  1. Voir La finale de « Jeux sans frontières ». Jambes battue sur le fil, dans Le patriote illustré, n° 39, 25 septembre 1966, pp. 2338, 2339, 2341.