Jambes. École de natation
Coll. Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes.

Armand Dandoy,
La plage de Jambes
Namur, Musée archéologique.
Coll. Société archéologique de Namur.
Na° 225.

Les maîtres-nageurs de l’École de natation
Photographie de A. Van Moegen, en 1898.
Ce rare document nous montre les « maîtres-nageurs » de la ville dont Jules Boca (en-dessous, à droite). Celui-ci était employé à l’échevinat des Finances
tout en étant conseiller communal.

La natation dans la Meuse à Jambes1

Le 16 juillet 1865 est inaugurée une école de natation à Jambes à proximité du pont de Meuse, en aval de celui-ci. Son infrastructure était de forme carrée et établie sur ponton2. Des cabines entouraient le bassin (35 m. sur 11 m.) à ciel ouvert sur les quatre côtés. Celui-ci disposait de trois profondeurs différentes.
L’école dotée de moniteurs de natation3 était accessible de mai à septembre, depuis très tôt le matin jusqu’à la soirée. Dès 1874, un tarif spécial est accordé aux ouvriers. Ils pouvaient accéder le lundi en avant-soirée et le dimanche matin. Les dames et les étudiantes des pensionnats pouvaient fréquenter l’école tous les jours sauf le dimanche matin. D’autres dispositions sont prises pour les étudiants de l’Institut Saint-Louis et aussi pour les pauvres4.
L’hiver, l’infrastructure était démontée et amarrée sur la Sambre car gelant moins fréquemment. L’école est détruite le 23 août 1914, lors de l’explosion de deux arches du pont donnant sur la rive jamboise.
Un autre établissement de bains existait en amont du pont, en contrebas du boulevard de Meuse. Cette installation s’appelait La Plage5 et fonctionnait pendant la même période que la précédente. Elle se divisait en deux classes, la première destinée à la bourgeoisie (disposant d’un endroit fermé pour les dames) et la seconde au « peuple » et aux troupes de garnisons. Les prix variaient bien sûr selon les classes. Un système d’abonnement fut mis au point après la guerre. La possibilité de louer des périssoires existait pour circuler dans le grand bassin. Pendant l’hiver les installations étaient démontées et remisées dans un hangar.

Pour être plus complet mais cela concerne davantage Namur, on peut citer la création de la Société des sauveteurs de la Meuse, par le Commandant des pompiers de Jambes, Monsieur Marneffe en 1891. En 1919, apparut à Namur, le Cercle de natation La libellule qui fusionnera avec la section de natation de Namur-Sports, en 19236.

Les bains à la plage de Jambes dans la presse (juillet 1931)

Un abonné nous écrit :
« Le prix des bains à la plage de Jambes a été doublé cette année. Résultat : diminution considérable du nombre de baigneurs. Il y eut bien affluence les jours de très forte chaleur, à certaines heures de l’après-midi, mais même ces jours-là, elle fut moins grande que les années précédentes. Maintenant, nous ne sommes plus qu’une poignée de fidèles. On préfère au prix demandé, un bain de cuvelle qui ne coûte rien au bain de Meuse réellement coûteux pour une famille.
« Chose étonnante, c’est à partir du moment où, d’après l’inscription que porte une pierre encastrée dans le mur de l’établissement, la Croix-Rouge de Belgique fait connaître que les installations ont été édifiées avec son aide (une intervention de cent mille francs, m’a-t-on dit), que la Ville de Namur a cru devoir augmenter son tarif dans la proportion de cent pour cent. Ce n’est ni un encouragement à l’hygiène, ni une contribution à la diminution du coût de la vie, on voudra bien en convenir.
« Est-ce que l’administration communale de Jambes, sur le territoire de laquelle la plage se trouve, n’est pas en droit d’intervenir pour obtenir une réduction de ce nouveau tarif quelque peu prohibitif au temps où nous vivons ? Ne pourrait-elle pas demander en même temps un peu plus de sévérité dans la surveillance et l’application des instructions ? J’ai entendu des parents regretter qu’il n’y eût pas certaines heures réservées exclusivement aux dames et aux enfants : je pense que la clientèle augmenterait sensiblement, si une telle mesure était prise, surtout si elle était accompagnée d’une réduction de prix. Tout compte fait, la recette ne serait pas moindre et l’hygiène y gagnerait.
(Signé.) Un vieux nageur. »
Nous appuyons bien volontiers ce double vœu que nous avons entendu nous-mêmes formuler plus d’une fois. Quant au « droit » d’intervention de la commune de Jambes, c’est assez bizarre, mais nous pensons qu’elle n’en a aucun dans la réglementation de cet établissement. Elle pourrait cependant signaler à la Ville de Namur les remarques très justes du « vieux nageur ». En attendant, nous les recommandons nous-mêmes, à l’attention de M. l’échevin Huart, qui, croyons-nous, a dans ses attributions les questions de l’espèce7.

Notes
1. Voir R. Pierrard, Sports d’eau, dans Sports et jeux populaires en Namurois, exposition organisée par le Crédit Communal de Belgique à la Maison de la Culture de Namur, du 11 septembre au 3 octobre 1982. En collaboration avec le Service provincial de la Culture, dans le cadre des fêtes de Wallonie, (Bruxelles), 1982, pp. 18-21.
2. C. Douxchamps-Lefèvre, La Commune de Jambes de 1795-1977. Les grands traits d’une constante expansion, coll. Études et documents, 2, Jambes, 2008, p. 45 ; D. Franquien, Souvenirs de Jambes en cartes postales anciennes, Beersel, 1998, pp. 84-85.
3. R. Dejollier, Namur… Revue. Photos inédites, Namur, 1985, p. 79.
4. R. Dejollier, Op. cit., pp. 78, 80 et 81. Voir notamment le Règlement pour le service intérieur de l’école de natation. Année 1885.
5. D. Marchant et Ph. Mottequin, Aperçu sur l’histoire de Jambes, slnd, nos 26-27.
6. Un autre thème qui pourrait être abordé lors d’une prochaine livraison est le nautisme sur la Meuse.
7. Extrait de Chronique jamboise. Les bains, dans Vers l’Avenir, 18-19 juillet 1931.