Jusqu’en 1992, l’Hôtel de Ville siégeait sur la Place alors connue sous le nom de “Place Communale”.
Aujourd’hui, la “Place Communale” est devenue “Place de la Wallonie” et l’Hôtel de Ville a cédé sa place au Service Public de Wallonie.
Une colonne de pierres s’élève au cœur de la place, à l’endroit où les trois marches s’incurvent pour conduire au porche d’entrée. Sa signification n’est pas évidente mais il faut rechercher des références dans les religions et les croyances. Elle serait le symbole de l’arbre de vie et des relations entre le ciel et la terre. Les concepteurs parlent d’elle comme étant « l’axe du sacré ou l’axe sacré de la société dont la sagesse repose sur le génie de l’homme. Elle intègre le groupe et tend à la rendre libre ». La colonne n’est pas seule car elle s’inscrit au centre d’un pentagramme dessiné au sol. «Il exprime l’union des inégaux » et signifie encore « le mariage, le bonheur, l’accomplissement ».
Le patio, lui, fut aménagé par Françoise et Georges Pirson. Ils estiment quant à eux tel un gisant érodé par la multitude des pas gui foulent le sol des Cathédrales, ce fragment de voûte se découvre dans une nudité première incarnée par des substrats de la terre ad/tonne. Ce sont les grès oxydés des psammites du condroz qui proposent au sol leurs nuances d’or et d âcre, ce sont les oxydes naturels du fer des sphères déposées sur la voûte ou encore les oxydes plus purs enfermés dans les vaines du marbre rouge, et traçant lignes et repères
Les cinq sphères en fer oxydé sont posées sur le sol et décrivent une trajectoire elliptique. Dans leur voisinage, cinq hautes structures en acier, des sculptures verticales (tendeurs ou haubans) s’avancent sur la voûte pour scander et diviser l’espace. On avait envie de marquer l’apparition de l’Homme et de l’outil dans ce monde minéral précise Françoise Pirson. Cinq gros blocs identiques recouverts d’une mince plaque de pierre sont alignés devant une façade. Ils scandent eux aussi l’espace et invitent le passant à s’attarder et pourquoi pas s’asseoir. A vous d’interpréter ce que vous voyez et d’apprécier la démarche créatrice.
Notes :
J. TOUSSAINT, Rues de Jambes, 2007, p. 181
J. TOUSSAINT, Un symbole, place de la Wallonie dans Côté Jambes n° 36, 2002, pp. 8-9.
J. TOUSSAINT, L’aménagement du patio du Ministère de la Région wallonne dans Côté Jambes n° 39, 2002, pp. 8-9.
Place de Wallonie : cimetière romain et grange aux dîmes
En 1888, à l’arrière de l’ancien Hôtel de Ville de Jambes, un cimetière romain abritant une centaine de tombes à incinération des Ier au IVe siècle de notre ère, fut découvert lors de la reconstruction des écoles communales. Un siècle plus tard, entre 1991 et 1993, lors de la construction du Secrétariat général du Ministère de la Région wallonne à l’emplacement de ce même Hôtel de Ville, une centaine d’autres tombes romaines furent découvertes. Celles-ci, contrairement aux précédentes dont seules 12 avaient été l’objet de fouilles, sont intégralement fouillées par le Service de l’Archéologie du Ministère de la Région wallonne. L’habitat correspondant à l’ensemble de ces tombes ne nous est pas connu. Il pourrait peut-être s’agir d’une petite tête de pont installée au débouché d’un passage sur le fleuve, pont ou gué, préfigurant l’habitat médiéval et situé un peu plus en aval que celui-ci. Un pont ne peut se justifier pour l’époque que sur le tracé d’une grande route dont on n’a aucune certitude ici, même si les traces d’une voirie se dirigeant vers la Meuse furent repérées tant en 1888 qu’en 1991-1993. Peut-être s’agissait-il d’une villa qui reste à découvrir.
C’est également à proximité de la place de Wallonie qu’on trouve la trace, des siècles plus tard, d’une « grange aux dîmes ». Ce bâtiment, comme son nom l’indique, était le lieu où était engrangé le produit de cette taxe ecclésiastique. Le terme de dîme, découlant de decimae en latin, désigne le dixième de la récolte qu’il fallait verser au clergé. C’est le chapitre de Notre-Dame de Namur qui, depuis sa fondation par l’évêque de Liège au Xe siècle, détenait le droit de perception de la dîme sur le territoire qui deviendra par la suite la paroisse de Jambes. Ce bâtiment, bien qu’on lui suppose une date de fondation ancienne, ne dispose d’aucune trace permettant de situer sa construction. On sait toutefois qu’en 1696, il avait perdu ses fonctions initiales et servait de corps de garde pour quelques soldats. En 1746, la garnison hollandaise de la citadelle rase le bâtiment avec une quarantaine d’autres, dont l’église Saint-Symphorien, pour éviter qu’ils ne servent d’abris ou de caches aux troupes françaises qui allaient assiéger la ville.
Note :
Antoine, J.-L, Les cimetières romains de Bèronvaux et de Basse-Anhaive et leur contexte archéologique, dans La seigneurie d’Anhaive, Jambes, Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes, 2005, p. 23-32.