CHAPITRE III : Le pont de Jambes de 1950 à nos jours
Les Entreprises Leurquin chargées de la reconstruction du pont a débuté en septembre 1961 firent appel à la société anonyme des Travaux Souterrains de Bruxelles spécialisée dans les travaux d’injection pour la fondation des piles. Ensuite, il fallut près de 3 ans et 9 mois, c’est-à-dire jusqu’au 4 juin 1965, afin que le nouveau pont soit mis en service après que les épreuves de réception aient démontré que les déformations mesurées étaient insignifiantes et de l’ordre de la précision des appareils de mesure.
Nous nous permettons de reprendre ici l’essentiel du cahier des charges du chantier de reconstruction. Signalons néanmoins dans ce contexte qu’un membre de la Commission Royale des Monuments et des Sites, l’architecte Simon Brigode, fut chargé de la mission de conseiller artistique pour l’exécution des travaux.
a. Les dimensions nouvelles de l’ouvrage
Le pont a une longueur de 144,95 m entre les parements de culées ; sa largeur utile est de 11,80 m. L’augmentation de sa largeur, de 5 m environ, a été acquise vers l’aval, de façon à maintenir en place le parement des trois premières arches du côté de Namur, qui constitue l’élément le plus représentatif de l’ancien ouvrage. La largeur des arches en plein-cintre varie entre 12,95 m. et 14,40 m.
b. L’arche centrale
Elle ne rappelle en rien l’ancien pont et constitue la seule partie entièrement neuve. Elle a été construite en anse de panier15.
c. Les arches et les piles
Chacune des six arches en plein-cintre est la reproduction fidèle d’une arche ancienne. Le parement amont des trois premières piles et arches du côté de Namur est original tandis que celui des autres, côtés amont et aval, fut reconstitué au moyen de pierres provenant du démontage de l’ancien parement. Les pierres non réemployables furent remplacées par des pierres neuves provenant de la région de Moha-Vinalmont, choisies en fonction de leur apparenté avec les pierres à patine blanche préexistantes qui furent quant à elles vraisemblablement extraites de carrières des environs de Namur..
d. Les culées
La culée de la rive droite est entièrement nouvelle, reposant sur des nervures reliées au mur de quai. Le tout a été réalisé en béton armé. La culée de la rive gauche est quant à elle, dans sa partie amont, une pile du vieux pont qui reliait la première arche actuelle à celle qui fut enterrée lors de la création du boulevard Ad Aquam (actuellement boulevard Baron Huart). Les maçonneries de la pile furent laissées en place.
e. Le parapet
Le parapet qui couronnait les tympans des anciennes arches datait vraisemblablement du XVIIIe siècle : il fut restauré là où il pouvait être maintenu et reconstitué ailleurs, notamment au-dessus de l’arche centrale.
C’est ainsi sur l’aspect actuel du vieux pont de Meuse que nous clôturons cette étude, encore avec les mots de l’historien Josy Muller qui en rappelle l’esthétique liée à une longue traversée de l’histoire : « Tel qu’il subsiste, malgré ses mutilations successives et grâce au souci constant des ingénieurs qui y ont œuvré, le vieux pont a gardé une robuste unité. Construit par nos maîtres maçons du Moyen-Age, il témoigne de l’équilibre de notre race romane par la simplicité de son profil harmonisé aux lignes des collines voisines »16.
Notes :
15, L’arc en « anse de panier » est un arc surbaissé dont la courbe a l’aspect d’une demi-ellipse, formée en fait, d’arcs de cercle se raccordant et non plus en berceau plein-cintre – l’on revêtit toutefois ses tympans de pierres de parement proches des pierres préexistantes. La grande ouverture de cette arche (33,10 m.) permet le passage des bateaux de gros tonnage.
16, Josy Muller, Réparations au Pont de Meuse à Namur en 1799 et 1818, dans, Le Guetteur Wallon, n° 106 et 107, janvier et février 1952, p. 60.
Travaux d’approfondissement et de consolidation des piles 2 et 3.
1963 – © Ministère des Travaux publics
Travaux d’approfondissement et de consolidation des piles 2 et 3.
1963 – © Ministère des Travaux publics
Le Pont de Jambes.
Vers 1950. Coll. Pol Fiévez