Anatoly et Kinga Stolnikoff

Hall d’entrée des services de l’administration wallonne avec
installation de photographies de l’Ywoigne.

Kinga et Anatoly Stolnikoff,
De la ligne au mot
Balustrade monumentale du Musée provincial des Arts
anciens du Namurois. 2009.

Le bâtiment du n° 25 de l’Avenue Gouverneur Bovesse
en cours de rénovation

Il faut reconnaître en toute modestie que notre Communauté a été pionnière en matière d’intégration d’œuvres d’art contemporain dans les bâtiments publics et ce dès 1984. Il est vrai que l’intégration du travail des artistes dans l’espace public se place au carrefour d’une série d’enjeux passionnants autant que fondamentaux pour les usagers (les citoyens) comme pour les gestionnaires de nos cités (les représentants des pouvoirs publics, les responsables administratifs), sans oublier les architectes et les créateurs eux-mêmes ! C’est en effet la rencontre de tous les acteurs concernés d’abord, la concertation ensuite et la capacité d’ouverture et d’invention enfin, qui préside à l’aménagement d’une part importante de notre paysage culturel urbain1.

L’ouvrage repris en note 1 donne un état de la situation en France, aux Pays-Bas et en Belgique sur la problématique développée ici. Elle peut se résumer à la politique du pourcent. En effet, après le second conflit mondial, les états européens lancent une politique de reconstruction dans laquelle ils intégrèrent l’idée d’accorder 1% des travaux pour favoriser la création et l’installation d’un art public. Trois concepts prévalent : l’insertion de l’art dans la politique de reconstruction, l’aide aux artistes et la démocratisation de l’art au travers de la culture2.

Le décret de l’Exécutif de la Communauté française du 10 mai 19843 règle les questions d’intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments publics. Par ailleurs, le Gouvernement wallon décrète la création de la Commission des arts de la Région wallonne4 du 23 décembre 19935. Cela permet au Ministre de recevoir des avis d’experts quant à l’intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments de la Région wallonne. D’autres commissions apparentées à ces deux-ci existent dans le pays6.

À Namur, une initiative de la Province de Namur a permis l’installation d’une balustrade en acier inoxydable sur l’avant-corps classé de l’Hôtel de Gaiffier d’Hestroy7 abritant le Musée provincial des Arts anciens du Namurois-Trésor d’Oignies (TreM.a). Suite à un appel à projets, trois artistes se sont manifestés : Emile Desmedt d’Hollain, Kinga et Anatoly Stolnikoff de Bruxelles et Léon Wuidar d’Esneux. Les époux Stolnikoff furent désignés sur base d’une proposition d’une balustrade graphique ponctuée de mains en verre cerclées d’inox.

À Jambes, plusieurs intégrations d’œuvres d’art donnent un éclat particulier aux bâtiments publics. Le 4 mai 2012, un concours est lancé dans le cadre de la rénovation d’un immeuble du Service public de Wallonie situé au 25 de l’Avenue Bovesse. L’objectif déclaré est de donner l’occasion d’établir une collaboration entre les architectes (ateliers Lanotte), l’artiste et les utilisateurs (Services du département de l’Énergie de la direction générale opérationnelle de l’Aménagement du territoire, du Logement, du Patrimoine et de l’Énergie). L’intervention artistique se situe dans le hall de l’immeuble qui a pour fonctions l’entrée des agents ainsi que l’accueil des visiteurs. Cinq créateurs ont été consultés : Ronald Dagonnier, Pierre Fabry, Alessandro Filippini, Michel Leonardi et Kinga et Anatoly Stolnikoff. C’est le projet de Leonardi qui a été retenu. Volontairement nous donnons à voir un projet non sélectionné, celui du couple Stolnikoff.

Les artistes concentrent leur intervention sur le plafond (9m50 de long), le mur du fond et la paroi latérale gauche. Ils gardent à l’esprit les manipulations opérées par Léonard Misonne dans ses photographies leur communiquant une nouvelle profondeur luministe. Ils choisissent un cours d’eau emblématique de la Wallonie, l’Ywoigne qui prend sa source à Chevetogne, lieu de ressourcement (le Domaine), de spiritualité et de dialogue interconfessionnel (Le monastère). Ils remplacent la peinture par la photographie assemblée dans un désir de s’adapter à la modernité. Le mur du fond est occupé par une cascade qui résume diverses énergies qui étonnent par le silence qu’elle inspire. La paroi latérale gauche est tapissée en trois registres de nombreux détails des composantes naturelles8.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes

Pour en savoir plus sur Kinga et Anatoly Stolnikoff

Toussaint (sous la dir.), De la ligne au mot avec Kinga et Anatoly Stolnikoff. Installation d’une balustrade monumentale du Musée provincial des Arts anciens du Namurois, coll. Monographies du Musée provincial des Arts anciens du Namurois, 41, Namur, 2009.
Kinga et Anatoly Stolnikoff. Jeu d’enfer. Une rétrospective dé-raisonnable, Paris-Liège, 2013.

Notes

  1. A. Fradcourt, et E. Van Essche, Avant-propos, dans Intégrations d’œuvres d’art. Inventaire des intégrations d’œuvres d’art 1986-2010 en application du Décret de la Communauté française. Les personnes morales de droit privé, Bruxelles, 2011, p. 9.
  2. A.-E Heno, Historique du pourcent, dans Intégrations d’œuvres d’art. Op. cit, p. 21.
  3. Moniteur belge du 22 juin 1986.
  4. Voir M.-P. Marchal, Quand l’Art épouse le Lieu. Intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments de la Région wallonne, Namur, 1995.
  5. Moniteur belge du 16 mars 1994.
  6. Voir l’ouvrage cité en note 1.
  7. Situé au 24 rue de fer à Namur.
  8. L’auteur remercie les artistes et Madame Dominique Navet, Secrétaire permanente de la Commission des Arts de Wallonie pour leur collaboration.