Julie Dessy
Épouse d’Edouard Materne, créatrice des premières recettes des confitures Materne, aura prochainement une rue à son nom
dans le quartier Sedent-Poudrière.

Les installations de la confiturerie Materne
Carte postale ancienne.
Jambes, Coll. Pol Fiévez.

Les installations de la confiturerie Materne
Carte postale ancienne.
Jambes, Coll. Pol Fiévez.

Les réserves de fruits de la confiturerie Materne
Carte postale ancienne.
Namur, Coll. Bibliothèque communale.

Les Verreries de Jambes et la Meuse
Carte postale ancienne.
Namur, Coll. Bibliothèque communale.

Une touche féminine dans les pots de confiture1
Partant du constat qu’à Namur, sur les 1750 voiries répertoriées, 27 seulement portent le nom d’une femme, le Conseil communal a retenu pour les prochaines appellations 15 noms de femmes ayant pour la plupart marqué l’histoire namuroise dans des disciplines variées comme l’art, la politique ou le combat social.
Le premier, Julie Dessy, sera attribué à une nouvelle voirie située à Jambes, sur le site des anciens établissements Magondeaux2.
Julie Dessy, originaire de Wierde, épouse en septembre 1888 Édouard Materne, résidant à Dave et alors âgé de 32 ans.
Édouard Materne, comme son père, est maraîcher, cultivant à grande échelle sur les coteaux de Wépion et sur l’Île de Dave les fruits dont il fait commerce. Par tradition familiale, il a aussi appris à fabriquer un concentré de poires et de pommes, vendu à Namur. Aussi, quelques jours après les noces, le jeune couple fonde à Wépion la firme Édouard Materne-Dessy, une entreprise agricole qui se transforme en siroperie.
En 1896, Édouard et son épouse, pour faire face à la demande, déplacent leurs activités dans une nouvelle usine, érigée à proximité de la gare de Jambes, où l’on pouvait débarquer des fruits venus de toute l’Europe, avant de rembarquer les produits transformés. Cette entreprise est initialement spécialisée dans la fabrication de sirop. En 1897, une loi met un terme aux droits d’accises qui impactaient très fortement le prix du sucre en Belgique, et par conséquent des produits sucrés. Édouard Materne se rend aussitôt en Angleterre, où était produite jusqu’alors la confiture industrielle importée en Belgique, y fait l’acquisition du matériel adéquat et engage un spécialiste anglais pour produire à Jambes les dorénavant célèbres confitures Materne, sur base des recettes de Julie Dessy. Le succès commercial est au rendez-vous, et l’entreprise investit en parallèle dans la production de pâtes de pommes (ancêtre de la compote en pot), de conserves et de pectine.
Durant la Première Guerre mondiale, les activités de la firme Materne s’arrêtent, Édouard Materne refusant de travailler sous l’occupation et le cuivre de l’outillage étant réquisitionné par les Allemands.
Ce n’est qu’en 1919 que la production reprend, dans une usine modernisée, sous la direction du fils aîné du couple, Jean Materne (1889-1964), qui avait interrompu ses études à 15 ans pour entrer dans l’entreprise familiale. La confiture est à nouveau produite à Jambes, et cette activité soutient celle des verreries de la localité : le site jambois du Val-Saint-Lambert produit après Guerre, outre des cheminées de lampes, des pots à confiture.
Jean Materne développe la société, et multiplie dès 1938 en Belgique et en France les sites de production de produits variés. L’usine jamboise, fleuron industriel de la commune, restera quant à elle en activité jusqu’en 1980, moment du déménagement vers Floreffe.

Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice du
Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes

Notes

1. Cet article s’appuie sur le dossier pédagogique Histoire de fruits réalisé par Materne pour ses 125 ans (www.materne.com), sur le témoignage de Pascal VANDERVEEREN (Jean Materne. Bon Papa confiture, dans Mon Grand-père ce héros, série par Chr. Masuy), sur les notices biographiques d’Édouard Materne et de son fils Jean, publiées dans le Dictionnaire des Wallons (www.http://connaitrelawallonie.wallonie.be), ainsi que sur les ouvrages suivants : Dictionnaire biographique namurois, (sous la dir. de Fr. JACQUET-LADRIER, Numéro spécial de la revue Le Guetteur wallon, nos 3-4, Namur, 1999 ; C. DOUXCHAMPS-LEFEVRE, dans Nouvelle Biographie Nationale ; J. MERCIER, K. SCHEERLINCK, Made in Belgium, Un siècle d’affiches belges, Tournai, 2003.
2. Dénomination des voiries à Namur : Des racines et des ailes pour le territoire. Dossier de presse du 23 février 2017 de l’Echevinat de l’Aménagement du territoire, de la Régie foncière, de l’Energie et de la Citadelle de Namur.