Page 12 - Côté Jambes 95 - 2016

Art & Patrimoine
AUTOUR DES ÉCOLES
e
À la fin du 19 siècle, Jambes
connaissant un essor économique et
industriel, les autorités communales
envisagent la construction de nouvelles
écoles pour les jeunes filles et les
jeunes garçons de la localité. C’est
surtout la construction d’une école
pour les garçons qui intéresse les
édiles communaux. Les négociations
entre membres du Conseil communal
de Jambes sont âpres, comme
en témoignent par exemple deux
circulaires éditées suite à la séance du
Conseil du 18 février 1882.
Dans la première , du 20 février 1882,
2
Monsieur Bonamis rappelle pour
commencer la récente chronologie des
évènements : « dans sa séance du 3
février 1880, le conseil communal,
reconnaissant l’insuffisance des
écoles actuelles de garçons, décida
d’en construire d’autres, au centre
de la commune et nomma une
commission chargée de rechercher
un emplacement convenable. Cette
commission, composée de trois
membres, fit son rapport dans la
Vue de la Maison communale, 1923.
Carte postale. Coll. privée.
DE L’HÔTEL DE VILLE Jardin Jardin
1 Jardin
séance du 18 septembre 1880, et, dans
sa séance du 5 février 1881, le conseil,
adoptant les conclusions du rapport,
décida la construction des écoles sur
le terrain choisi, situé le long du chemin
de Dave et appartenant à M. l’échevin
Guiot. D’autres terrains contigus à
cet emplacement furent offerts à la
commune, le conseil rejeta ces offres
par une délibération du 21 février
1881. Le conseil refusa également
(28 juillet 1881) l’emplacement des
écoles actuelles, proposé par M.
l’inspecteur principal du ressort, et (11
octobre 1881) l’invitation à s’entendre,
si possible, avec ce fonctionnaire,
pour le choix de tout autre terrain
que celui adopté en séance du 5
février 1881. Enfin, dans sa séance
du 14 février courant, le conseil prit
connaissance d’une lettre par laquelle
M. le Commissaire de l’Arrondissement
l’informait de la décision ministérielle
adoptant le terrain choisi près du
chemin de Dave. » M. Bonamis, se
moquant de « l’affection touchante »
du Conseil communal pour ce terrain
rue de Dave, demande aux
responsables de « s’engager
à servir l’embellissement de
la commune, de disposer et
étendre les constructions afin
qu’elles satisfassent à tous les
besoins de l’enseignement et
autres services communaux
afin de répondre de la façon
la plus économique aux
exigences ». Et propose un
autre projet, conçu à l’initiative
des conseillers Anciaux,
Bonamis, Dehoul, Delvaux et
Philippart : il « consiste à réunir,
au centre de la commune, tous
les services communaux :
CROQUIS
DE SITUATION
ET DES ÉCOLES DE JAMBES
(Dessin R. Frippiat, SIJ )
Jardin D D exposés l’un et l’autre aux regards
C N° 77 C du public ; enfin, dans le fond, faisant
naturellement face à la route, comme
tous les autres bâtiments, nos six
Magasin et Rue d’Enhaive classes destinées aux enfants des deux
ateliers Laurent B B sexes. […] Une telle disposition est de
Jardin nature à satisfaire les esprits les plus
soupçonneux ; maîtres et élèves sont
F A F’ partout et toujours sous les regards
N° 75 N° 83 N° 81 N° 79 du public, la séparation des locaux et
N° 73 E compète ».
M. Lallement, Bourgmestre, répond à
N° 61 N° 63 N° 65 N° 67 N° 69 N° 71 Cour cette circulaire avec l’assentiment de
3
Maisons démolies lors
l’avenue gouverneur Bovesse Grand’Rue MM. Guyot et Degive, Echevins, et de
du percement de
A : Hôtel de ville au XX siècle (actuelle avenue bourgmestre Jean Materne) M. Ancion, Conseiller communal . Pour
e
B : Cour Bâtiments de l'hôtel de ville et lui, le Conseil communal n’est pas au
des écoles
C : Écoles
D : Terrains et maisons des enseignants Bâtiments à démolir pour fait de l’historique du dossier : un projet
construire l'hôtel de ville
E : Place communale
F et F' : Maisons des chefs d'école Jardins d’établissement d’école communale
Cour
des garçons sur le même site avait
déjà été examiné avant 1880. D’autre
écoles pour les enfants des deux part, M. Lallement souligne : « l’école
sexes, logements de l’instituteur, de des filles est un peu éloignée, il est vrai,
l’institutrice, maison communale, mais elle est amplement suffisante, et
secrétariat, bureau de police, etc. […]. sa situation sur le rapport de la salubrité
L’emplacement de ces construction ne laisse rien à désirer. Je ne veux pas
est désigné par sa situation même. Il parler de la question de la moralité, que
répond à toutes les exigences, il a été tout le monde comprendra. […] Mais je
proposé par M. l’Inspecteur principal de vous pose la question d’une épidémie
l’enseignement. Le projet comporte une possible. Il est parfaitement reconnu
place publique sur les terrains occupés par la science qu’une population trop
par les écoles actuelles, la cour et les nombreuse sur un certain point ne fait
vieux bâtiments voisins, appartement que l’entretenir et même la propager ».
à M. Doorme ; au centre de la place, Finalement, en 1886, le projet de
un hôtel ou une maison communale construction des écoles (et de la
contre laquelle s’élève, à droite, un peu maison communale) est enfin autorisé
en retrait, l’habitation de l’institutrice ; à sur le terrain de M. Doorne, au
gauche, symétriquement, le logement centre de Jambes. Les travaux sont
de l’instituteur ; dans le plan de la achevés en juin 1889, et définitivement
façade de ces derniers bâtiments, réceptionnés en avril 1891.
de chaque côté, un mur à hauteur
Fiona Lebecque,
d’appui, surmonté d’un grillage et Présidente-Conservatrice du
donnant accès, du côté de la place, à Centre d'Archéologie,
deux préaux séparés par un mur, mais d'Art et d'Histoire de Jambes
1. Voir pour un contexte plus large J. Toussaint, L’hôtel de ville et les écoles de Jambes, dans Côté Jambes, 46.
2. Résumé des observations présentées par M. Bonamis au Conseil communal de Jambes, dans la séance du 18
février 1882 au sujet d’un projet d’écoles, Jambes, 20 février 1882.
3. Circulaire de MM. Lallement, Guyot, Degive et Ancion, Sans titre.