Page 5 - Côté Jambes 91 - 2015
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le 11 novembre,                                      Extrait des poèmes de Louis Aragon


 un moment de                                        Ce poème a été repris par le chanteur
                                                       « La guerre et ce qui s’en suivit ».
 recueillement                                   Léo Ferré sous le titre « Tu n’en reviendras pas »

                                                    Tu n'en reviendras pas toi qui courais les filles
 Le 11 novembre 1918...à 11 heures…                 Jeune homme dont j'ai vu battre le cœur à nu
                                                    Quand j'ai déchiré ta chemise et toi non plus
 Un lourd silence recouvre la ligne de             Tu n'en reviendras pas vieux joueur de manille
 front et les champs de bataille. Les
 hommes jusque-là terrés dans les                    Qu'un obus a coupé par le travers en deux
 tranchées se redressent lentement                   pour une fois qu'il avait un jeu du tonnerre
                                                        Et toi le tatoué, l'ancien légionnaire
 avec un regard mêlé d’incrédulité et              Tu survivras longtemps sans visage sans yeux...
 de soulagement. Ils gravissent pour
 la dernière fois ces échelles de bois              Roule au loin roule train des dernières lueurs
 qu’ils ont maintes fois escaladées                 Les soldats assoupis que ta danse secouent
 pour monter à l’assaut.                           Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
                                                       Cela sent le tabac la laine et la sueur

                                                   Comment vous regarder sans voir vos destinées
                                                     Fiancés de la terre et promis des douleurs
 Oui, cette fois c’est bien
                                                   La veilleuse vous faite de la couleur des pleurs
 vrai... C’est fini…                             Vous bougez vaguement vos jambes condamnées,

 Lors de la très belle exposition
                                                     Vous étirez vos bras vous retrouvez le jour
 « Les Gens et la Grande Guerre »                Arrêt brusque et quelqu'un crie : « Au jus là-dedans »
 qui s’est tenue à la Seigneurie                  Vous baillez, vous avez une bouche et des dents
 d’Anhaive dans le cadre des                       Et le caporal chante « Au pont de Minaucourt »
 commémorations du centenaire                        Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
 de la déclaration de guerre 14-                 Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places

 18, nous avons pu y découvrir                        Déjà le souvenir de vos amours s'efface
                                                     Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri
 dans les souvenirs des carnets,
 Élèves de l'École Communale du Parc Astrid
 des lettres envoyées à leur mère,
 à leur femme, à leur marraine
 de guerre. Certaines décrivaient
 Côté actus  dans les tranchées avec moults   La flamme du souvenir ravivée par
 les conditions pénibles de vie



 détails macabres ; d’autres se
        le Gouverneur Denis Mathen
 voulaient plutôt rassurantes et
 tendaient à embellir le paysage
 pour rassurer les proches.

 André Dubuisson  Les autorités provinciales et communales
   accompagnées du Commandant-militaire
            de la Province
 Intervention des élèves de l'Institut Saint-Joseph
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