Page 8 - Côté Jambes 58 - 2007
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ART
&
PATRIMOINE
Jacques Toussaint
Géo De Vlamynck (1897-1980)
et ses créations jamboises
L’artiste
Georges De Vlamynck vient au monde à Bruges,
en 1897, dans un milieu favorable au développement
artistique. Son grand-oncle est un peintre dessinateur,
lithographe et graveur. Son grand-père et son père
exercent la profession d’ébéniste tandis que son
oncle est un architecte œuvrant dans l’entourage de
J. Poelaert.
Dès 1909, G. De Vlamynck fréquente les cours du
professeur Flori Van Acker (1858-1940) à l’Académie
des Beaux-Arts de Bruges. Pendant la guerre, il suit les
cours de dessin à l’University College Stadeschool of
Fine Arts from the University of London. Il y décroche
er
un 1 prix avec distinction (dessin et perspective).
Après la guerre, il s’inscrit à l’Académie de Bruxelles Géo De Vlamynck (1897-1980)
(1919 ) où il assiste au cours de composition monumen-
tale donné par Constant Montald (1862-1944) pour qui Arts décoratifs de La Cambre. Il conçoit une fresque
il témoigne d’une grande admiration. pour le hall d’entrée : Fondation de l’Abbaye de La
er
En 1921, il remporte le 1 prix de composition mo- Cambre par les moines de Villers.
numentale lors du concours de fin d’année ayant pour Pendant la décennie qui suit, il réalise de nombreux
thème Le repentir après la faute. Ce prix est assorti d’une vitraux et fresques en Belgique mais aussi à l’étranger
bourse lui permettant d’effectuer le voyage d’Italie. La pour des églises, abbayes, hôtels particuliers. Il participe
peinture primée (œuvre à la détrempe) s’inscrit dans notamment aux expositions de Liège (1930), Anvers
le mouvement symbolique. Le nu y est bien présent. Il (1930), Chicago (1933), Bruxelles (1935).
lui accordera d’ailleurs une priorité tout au long de sa En plus de sa carrière d’artiste, il mène de front une
carrière. Son œuvre sera un hommage à la femme. Il activité professorale. En 1931, il est désigné professeur
travaillera et cherchera à sublimer le corps de la femme à l’Académie de Saint-Gilles. Il enseigne aussi à l’école
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auquel il voue une admiration sans borne . Bischoffsheim (section décoration) ainsi qu’à l’Acadé-
Le voyage d’Italie lui permet de découvrir la fresque, mie royale des Beaux-Arts de Bruxelles (1939).
la mosaïque, le vitrail. Dès son retour au pays, il pratique G. De Vlamynck était un peintre muraliste, maîtrisant
ces différentes expressions artistiques qu’il intègre dans différents procédés et toujours à la recherche de nou-
des réalisations Art déco. velles techniques dans l’exécution des compositions
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G. De Vlamynck s’intéresse à l’expressionnisme décoratives . Cependant, il entreprendra des recherches
flamand, au cubisme et à l’Art africain. À la suite de visant à la réalisation de fresques de chevalet.
la découverte du tombeau de Toutankhamon (1922), La représentation du nu restera une constante tout
il aborde l’Art égyptien et développe un engouement au long de sa carrière, allant du réalisme vers l’abstrac-
pour les peintures thébaines. tion. Il est en quête d’une image idéale de la femme, en
À la suite de ces différentes recherches et expérien- travaillant sans cesse les lignes et les volumes.
ces, il va abandonner les liens avec le réalisme pour
arriver à un art non figuratif. Les réalisations jamboises
En 1924, G. De Vlamynck acquiert la maison cons-
truite pour le sculpteur Jacques De Haen (1831-1900) Malgré la notoriété de Géo De Vlamynck et l’em-
e
à Bruxelles (et ensuite occupée par divers artistes preinte qu’il a laissé dans l’Art belge du XX siècle,
dont le peintre impressionniste Eugène Smits). Cette peu se souviennent encore à Jambes qu’il est l’auteur
maison-atelier toujours visitable aujourd’hui (voir infra), de vitraux pour le carmel de la localité et de fresques
sera aménagée par l’artiste et l’ensemblier décorateur pour l’église Saint-Symphorien. D’ailleurs, si l’on
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Moonens. consulte Le patrimoine monumental de la Belgique ,
Deux ans plus tard, il est en contact avec Henry Van il n’est nullement question des créations de l’artiste !
De Velde (1863-1957), qui crée l’Institut supérieur des Volonté d’oubli ou œuvres trop récentes ?
8 Côté Jambes - n° 58 - 3 ème trimestre 2007