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une nouvelle tournée : Tournai, Mons, La moyennes (300 places), mais d’un très grand
Louvière, Charleroi, Namur et puis Jambes confort et offrant une salle de café en façade.
où Jules, mon grand-père, tombe amoureux Certains y commentent le film, tandis que
d’une Jamboise. d’autres y jouent à la belote. Dans l’arrière-
cour se trouve un jeu de quilles (ancêtre du
Le cinéma est une histoire de famille chez bowling) et, le long de la piste, un stand de
les Vanschel…
tir à la carabine 6 mm Flaubert. Un club est
Oui, plus de cent ans de cinéma en famille. La créé. Il s’appelle « La Perle » et se hisse au
famille Vanschel exploite des salles de ciné- rang de champion de Belgique pour plusieurs
ma à Namur depuis 1910. D’abord rue Rogier, années. Une salle de billards est installée
puis rue des Dames Blanches au cinéma et devient plus tard l’académie de billard de
« Pathé ». En 1919, Jules Vanschel s’intéresse Jambes. Un jeu de fléchettes complète l’ins-
au cinéma « Renaissance » connu plus tard tallation, ainsi que de nombreux jeux pour les
sous l’enseigne « Eldorado ». En 1925, Jules enfants.
Vanschel se marie et se fixe à Jambes où il
fonde le « Cercle des Familles » avenue des Au « Cercle des Familles » toute la famille
Acacias (devenue avenue Jean Materne) en trouve de quoi se distraire, d’où le succès La devanture de l'Eldorado au début des années 90'.
face de l’actuelle boulangerie Normandie). de cette initiative. L’activité principale restait
Ce nouvel établissement est destiné à attirer bien entendu le cinéma, muet, mais accom-
les familles en proposant des activités mul- pagné au piano par la sœur de Jules, Hen- grand-père travaillaient dans les différents a ouvert aux actualités un public jusqu’alors
tiples et diverses pouvant plaire à chacun, riette Vanschel. cinémas de la famille. peu informé. L’idée de mon grand-père était
quel que soit son âge ou son centre d’intérêt. À cette époque, toute la famille Vanschel vit de distraire sa clientèle, mais aussi de lui
À la base, bien sûr, un cinéma de dimensions du cinéma. Les six frères et la sœur de mon Qu’avez-vous retenu principalement de l’es- apporter les nouvelles du monde.
prit de votre grand-père ?
Parlez-nous de l’Eldorado…
En 1900, les gens de la campagne ne quit-
taient pratiquement jamais leur village, si ce L’Eldorado, rue de Fer, a appartenu pendant
n’est pour aller au village voisin. Ils se ma- cent ans à la famille Vanschel. Nous habi-
riaient entre eux ou avec les jeunes d’à côté. tions au-dessus du cinéma. Celui-ci, en plein
L’information ne circulait pas comme main- cœur du centre-ville, marchait très bien. Les
tenant. En sillonnant la Belgique sur un axe salles étaient combles. Mais le développe-
allant de Roubaix à Liège, le cinéma ambu- ment de la télévision, du home cinéma, la
lant a beaucoup apporté en tant que média et difficulté du parking, la concurrence avec le
Caméo repris par la Ville et notre
propre projet d’Acina à Jambes ont
eu raison de son existence. Nous
avons dû nous en séparer. Nous
avons loué le bâtiment à une so-
ciété immobilière bruxelloise qui
a souhaité y apporter des transfor-
mations importantes. Un cinéma
est difficile à adapter en surfaces
commerciales…
Alors, quand j’ai vu un engin de
chantier en train de détruire ma
maison et ma chambre, je vous
jure que j’ai pleuré.
Devanture de l'ancêtre de l'Eldorado,
la Renaissance, en 1910.
Eldorado - intérieur grande salle en 1955.
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