Page 13 - Côté Jambes 103 - 2018

ART & PATRIMOINE

Histoire campanaire

Nouvelles destinées pour les cloches de Jambes

Ce lundi 1 octobre, les trois cloches de l’église Le 2 octobre, cette cloche a été rependue
er
Saint-Symphorien ont été descendues de leur solennellement au campanile qui vient d’être
vénérable clocher par Olivier Baudri, artisan construit en voile de béton sur le côté de
campanaire à Tellin [fig. 1]. Dorénavant, elles la chapelle des Oblats, nouveau siège de la
connaîtront chacune des destinées bien paroisse.
différentes. Mais que sait-on d’elles au juste ? Les deux autres cloches sont l’œuvre de
La plus ancienne des trois, la seconde en taille Georges Slégers (1907-1970), de Tellin. Elles
(81,5 cm de diamètre, 325 kg) et qui donne remplacent celles qui avaient été emportées
le si, a été fondue en 1808 par Louis Binamé par les Allemands le 26 juin 1943, l’une fondue
(1743-1809), fondeur de cloches namurois en 1761 par Nicolas Binamé (le père de celui qui
dont l’activité, encore mal connue, se situe a fondu la cloche de 1808) et l’autre en 1860 par [Fig. 3] Vierge écrasant le serpent, détail [Fig. 4] La petite cloche après sablage
de l’ornementation de la grosse cloche.
dans les ateliers de la ville.
entre 1804 et 1808. Après un sablage doux, André-Louis-Joseph Van Aerschodt, de Louvain.
réalisé le jour même de sa descente par les Elles ont été bénies solennellement le 13 mars
services de la Ville de Namur, son décor et son 1955 par Monseigneur Charue.
inscription, recouverts de fientes de pigeons ont La plus grosse, d’un diamètre de 98 cm, donne Vierge écrasant le serpent [fig. 3] : « comme ma « fondue par g. slegers de tellin. / j’ai ete baptisee le
réapparu. Deux frises de feuilles de lauriers et le la et porte deux inscriptions séparées d’un soeur, nee en 1761 / enlevée pendant la guerre de 13 mai 1955, / par son excellence monseigneur charue,
de palmettes entrecroisées encadrent un texte côté par un Christ en croix et de l’autre par une 1940-1945 / je m’appelle andre louis / et temoigne de / reverendissime eveque de namur / monsieur l’abbe
qui se déroule sur deux lignes : « † symphorien – la fidelite a dieu / de la paroisse de jambes / sponte paul piron, / etant cure doyen de jambes / parrain :
i.m.i. d’andoy de s hubert cure de iambes ma baptise deo consecrat popvlvs iambes [= 1761. Trad. : monsieur emile andré / marraine : madame elisabeth
t
lan 1808. mon parain m laur. ios. halloy agé / de la population de Jambes (me) consacre de sa comeliau-malengreau. »
r
82 ans. ma maraine m victoine [sic] adel. rosalie propre volonté à Dieu] ». Au revers : « fondue Toutes deux portent un même décor de frises
dlle
lemielle de ponthiere agee de 7 mois. louis biname par g. slegers de tellin. / j’ai ete baptisee le 13 mai néo-gothiques sur l’épaule et sur le bord
me fecit » [fig. 2]. Une grande croix faite des 1955, / par son excellence monseigneur charue, / inférieur (pince).
mêmes motifs que les frises, occupe toute la reverendissime eveque de namur / monsieur l’abbe La plus grosse a rejoint l’école Saint-Joseph
hauteur de la jupe. paul piron, / etant cure doyen de jambes. / parrains : fondée par l’abbé Piron, celui-là même qui
monsieur le chanoine leon delooz / marraine : avait financé leur refonte ; la plus petite est
mademoiselle elisabeth huart. » conservée à la Tour d’Anhaive comme témoin
La plus petite (diamètre 77,5 cm) sonne le ré de l’histoire de la localité.
bémol [fig. 4]. Elle aussi porte deux inscriptions
disposées de la même manière que sur la Jean-Louis Javaux,
grosse cloche : « dediee a la vierge immaculee, / Attaché honoraire au SPW,
je chante de nouveau en son honneur / l’hymne de Département du Patrimoine
ma soeur nee en 1860, / enlevee pendant la guerre Fiona Lebecque,
de 1940-1945 / virginis sine labe conceptae dotes Présidente-Conservatrice
ad sidera tollo» [= 1860. Trad. : je porte au ciel du Centre d'Archéologie,
la Vierge conçue sans péché] ». Au revers : d'Art et d'Histoire de Jambes

Pour en savoir plus :
M. Haine et n. Méeus (dir.), Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Wallonie et à
Bruxelles du 9 siècle à nos jours, Liège, 1985, s.v. Binamé, Slégers et Van Aerschodt. Voir également
e
le site remarquablement bien informé tchorski.morkitu.org et celui de l’Association campanaire
[Fig. 1] Les trois cloches dépendues du clocher, [Fig. 2] La cloche fondue en 1808 par Louis Binamé, wallonne, asbl, campano.be.
avant leur descente dans la nef. avant sa repose sur le nouveau campanile des Oblats.

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