Page 9 - Côté Jambes 80 - 2013
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ART PATRIMOINE
Jacques Toussaint menaçante et plus dévastatrice que le
furent les bombes de l’ennemi.
L’académicien et architecte Eugène
Il faut sauver le vieux Dhuicque (1877-1955)
pont de Jambes E. Dhuicque s’adresse au président du
Touring Club en l’informant d’une situa-
tion inquiétante. Le sort d’un de nos plus
Il faut sauver le vieux pont de Jambes , beaux ensembles touristiques est grave-
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c’est le titre d’un article sous forme de cri ment menacé, sinon compromis. C’est
d’alarme que lançait la Revue du Touring en faveur de toute la vallée de la Meuse,
club de Belgique dans sa livraison du 1 er de Namur à Givet, que je pousse un cri
mai 1947. En effet, le Conseil supérieur d’alarme, que j’en appelle au Touring-
des Ponts et Chaussées avait décidé en Club, en lui demandant, en le conjurant
octobre 1947 de démolir le pont, bom- de nous aider de tout son pouvoir, dans
bardé en septembre 1944 et de le rem- la défense de cette admirable réserve
placer par un ouvrage neuf. Cette déci- touristique qui rivalise, en grandeur et en
sion engendra une vive polémique. beauté, avec les sites les plus célèbres
de la vallée du Rhin.
La Revue du TCB Tout le monde connaît le vieux pont de
pierre qui franchit la Meuse à Namur, au
Le rédacteur en chef ne mâche pas pied de la citadelle. Ses arches massives
ses mots suite au courrier de défense du font partie intégrante de ce site admi-
vieux pont que lui avait adressé M. Eugène rable. Je n’entreprendrai pas ici de vous
Dhuicque, membre de l’Académie royale en retracer l’histoire. Qu’il me suffise de
de Belgique. Que Messieurs les ingé- vous dire qu’un acte de l’abbaye de Gé-
nieurs, plongés dans le terre-à-terre de ronsart, daté de 1183, en fait déjà men-
certaines préoccupations, négligent les tion comme d’un ouvrage existant depuis
questions d’art, le respect des traditions un certain temps, à cette époque.
et ignorent tout ce qui fait l’attachement Or, que puis-je mieux faire pour souli-
de l’homme à sa terre patriale, nous le gner l’importance de cette date que de
concevons très mal car, enfin, ce corps vous rappeler le fameux pont d’Avignon,
est composé de gens intelligents, doués élevé entre 1177 et 1185 et celui qui fran-
presque tous d’une instruction générale chit l’Aude, sous la cité de Carcassonne
étendue, les « x » ne les obnubilent pas et remonte à 1184. Ces deux ponts
complètement. On se demande alors sont, au surplus, les seuls ouvrages de
comment ils se laissent guider par les ce genre, appartenant au XIIe siècle, qui
recommandations mesquines émises soient parvenus jusqu’à nous. Voilà qui
par quelques mandataires communaux suffirait – me direz-vous certainement –
égarés. Les protestations de corps qua- pour imposer le pont de Jambes à notre
lifiés comme la Commission Royale des respect.
Monuments et des Sites, de sociétés …
savantes comme la Société Archéolo-
gique de Namur, n’ont-elles donc aucune Le problème qui se pose dépasse donc
valeur scientifique ? Peut-être n’est-il pas singulièrement le cadre de l’obget qui l’a
trop tard pour arrêter une pioche plus fait naître. Le vieux pont de Jambes est