Cimetière de Bèronvaux (Haute-Anhaive) :
essai de localisation des tombes (sans échelle)
d’après P. Van Ossel

De nombreuses tombes apparaissaient déjà anciennement perturbées lors des fouilles menées en 1934-1935. La raison la plus probable est que la colline de Bèronvaux, qui ferme la plaine de Jambes en aval, domine Namur et sa plaine, la rendant intéressante d’un point de vue stratégique. C’est ainsi qu’entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle, à l’occasion des sièges de Namur, l’ingénieur hollandais Coehoorn y a fait construire des fortifications et des emplacements d’artillerie, remuant les sols et dispersant le contenu des tombes s’y trouvant enterrés à faible profondeur.
Les éléments défensifs de Bèronvaux sont visibles sur ces anciens plans de Namur.

Harrewyn,
Plan de la Ville et Château de Namur
avec les dernières Fortifications faites jusqu’à l’an 1709
Gravure sur papier. 1709.
Namur, Coll. SAN, inv. B-Pl-042-05.

Jules Borgnet,
Les fortifications de Namur en 1704 (D’après le plan
publié par le lieut. général Pelet.) avec les principaux
changements introduits pendant le XVIIIe siècle
Namur, Coll. SAN, inv. B-Pl-055-01.

60 centimètres sous la colline1

Les sépultures dites « de Haute-Anhaive », dont de nouveaux contenus ont été déposés par la Société archéologique de Namur au CAAHJ pour être exposés en permanence à Anhaive, ont été découvertes en 1934-1935 lors de la construction du couvent des Pères Scheut sur la colline de Bèronvaux, à son extrémité nord.
Quelques neuf tombes à incinération y sont mises au jour en août 1934 lors du creusement des fondations du pignon nord du bâtiment conventuel. Son architecte, A. Ghequière, membre de la Société archéologique de Namur, peut sauver le contenu de quatre de ces tombes (n° 1-4), et le remettre à F. Courtoy, conservateur du Musée archéologique de Namur. Une autre tombe (n° 5) est découverte en septembre en creusant les trous destinés à recevoir les étançons d’un échafaudage. Son contenu est également sauvé et remis à F. Courtoy. Des fouilles sont autorisées : elles débutent le 7 octobre 1934 pour se clôturer le 3 novembre, et sont conduites par A. Tonglet. Outre une fosse de 56 cm de côté renfermant encore du charbon de bois, des tessons et un débris de fibule en bronze (le bûcher funéraire), dix tombes (n° 6-15) sont ainsi mises au jour entre le 10 octobre et le 26 octobre 1934. Le 6 février 1935, une nouvelle tombe (n° 16) est identifiée le long du pignon nord du bâtiment, et son matériel funéraire est remis au Musée archéologique. Ces découvertes justifient de nouvelles fouilles au nord du site. Elles débutent le 4 juin, toujours sous la direction de A. Tonglet, et six nouvelles tombes sont mises au jour (n° 17-22).
Toutes les tombes fouillées sur le site de Bèronvaux étaient des incinérations et possédaient un mobilier funéraire (certaines pièces en céramiques contiennent par ailleurs toujours les os des défunts). Elles étaient distantes d’environ 2 mètres. Disposées en pleine terre, sans coffrage, elles présentaient généralement une largeur de 40 à 60 cm, et une profondeur de 60 à 70 cm (sauf les tombes n° 16 et n° 20, profondes de 30 cm seulement).

Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice du
Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes

Notes :
1. Cet article est un résumé de l’étude de P. VAN OSSEL, Les cimetières romains du Haut-Empire de Namur. I. Les cimetières périphériques de la rive droite de la Meuse, dans ASAN, 64/2, 1986, pp. 197-251.
Pour en savoir plus, voir J.-L. ANTOINE, Les cimetières romains de Bèronvaux et de Basse-Anhaive et leur contexte archéologique, dans J. TOUSSAINT (sous la dir.), La Seigneurie d’Anhaive à Jambes, coll. Etudes et documents du Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes, 1, Jambes, 2005, pp. 23-32.