[Fig. 1] Les trois cloches dépendues du clocher, avant leur descente dans la nef.

[Fig. 2] La cloche fondue en 1808 par Louis Binamé, avant sa repose sur le nouveau campanile des Oblats.

Fig. 4] La petite cloche après sablage
dans les ateliers de la ville.

[Fig. 3] Vierge écrasant le serpent, détail
de l’ornementation de la grosse cloche.

Ce lundi 1er octobre, les trois cloches de l’église Saint-Symphorien ont été descendues de leur vénérable clocher par Olivier Baudri, artisan campanaire à Tellin [fig. 1]. Dorénavant, elles connaîtront chacune des destinées bien différentes. Mais que sait-on d’elles au juste ?
La plus ancienne des trois, la seconde en taille (81,5 cm de diamètre, 325 kg) et qui donne le si, a été fondue en 1808 par Louis Binamé (1743-1809), fondeur de cloches namurois dont l’activité, encore mal connue, se situe entre 1804 et 1808. Après un sablage doux, réalisé le jour même de sa descente par les services de la Ville de Namur, son décor et son inscription, recouverts de fientes de pigeons ont réapparu. Deux frises de feuilles de lauriers et de palmettes entrecroisées encadrent un texte qui se déroule sur deux lignes : « † SYMPHORIEN – I.M.I. D’ANDOY DE ST HUBERT CURE DE IAMBES MA BAPTISE LAN 1808. MON PARAIN MR LAUR. IOS. HALLOY AGE / DE 82 ANS. MA MARAINE MDLLE VICTOINE [sic] ADEL. ROSALIE LEMIELLE DE PONTHIERE AGEE DE 7 MOIS. LOUIS BINAME ME FECIT » [fig. 2]. Une grande croix faite des mêmes motifs que les frises, occupe toute la hauteur de la jupe.
Le 2 octobre, cette cloche a été rependue solennellement au campanile qui vient d’être construit en voile de béton sur le côté de la chapelle des Oblats, nouveau siège de la paroisse.
Les deux autres cloches sont l’œuvre de Georges Slégers (1907-1970), de Tellin. Elles remplacent celles qui avaient été emportées par les Allemands le 26 juin 1943, l’une fondue en 1761 par Nicolas Binamé (le père de celui qui a fondu la cloche de 1808) et l’autre en 1860 par André-Louis-Joseph Van Aerschodt, de Louvain. Elles ont été bénies solennellement le 13 mars 1955 par Monseigneur Charue.
La plus grosse, d’un diamètre de 98 cm, donne le la et porte deux inscriptions séparées d’un côté par un Christ en croix et de l’autre par une Vierge écrasant le serpent [fig. 3] : « COMME MA SOEUR, NEE EN 1761 / ENLEVEE PENDANT LA GUERRE DE 1940-1945 / JE M’APPELLE ANDRE LOUIS / ET TEMOIGNE DE LA FIDELITE A DIEU / DE LA PAROISSE DE JAMBES / SPONTE DEO CONSECRAT POPVLVS IAMBES [= 1761. Trad. : la population de Jambes (me) consacre de sa propre volonté à Dieu] ». Au revers : « FONDUE PAR G. SLEGERS DE TELLIN. / J’AI ETE BAPTISEE LE 13 MAI 1955, / PAR SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR CHARUE, / REVERENDISSIME EVEQUE DE NAMUR / MONSIEUR L’ABBE PAUL PIRON, / ETANT CURE DOYEN DE JAMBES. / PARRAINS : MONSIEUR LE CHANOINE LEON DELOOZ / MARRAINE : MADEMOISELLE ELISABETH HUART. »
La plus petite (diamètre 77,5 cm) sonne le ré bémol [fig. 4]. Elle aussi porte deux inscriptions disposées de la même manière que sur la grosse cloche : « DEDIEE A LA VIERGE IMMACULEE, / JE CHANTE DE NOUVEAU EN SON HONNEUR / L’HYMNE DE MA SOEUR NEE EN 1860, / ENLEVEE PENDANT LA GUERRE DE 1940-1945 / VIRGINIS SINE LABE CONCEPTAE DOTES AD SIDERA TOLLO» [= 1860. Trad. : je porte au ciel la Vierge conçue sans péché] ». Au revers : « FONDUE PAR G. SLEGERS DE TELLIN. / J’AI ETE BAPTISEE LE 13 MAI 1955, / PAR SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR CHARUE, / REVERENDISSIME EVEQUE DE NAMUR / MONSIEUR L’ABBE PAUL PIRON, / ETANT CURE DOYEN DE JAMBES / PARRAIN : MONSIEUR EMILE ANDRE / MARRAINE : MADAME ELISABETH COMELIAU-MALENGREAU. »
Toutes deux portent un même décor de frises néo-gothiques sur l’épaule et sur le bord inférieur (pince).
La plus grosse a rejoint l’école Saint-Joseph fondée par l’abbé Piron, celui-là même qui avait financé leur refonte ; la plus petite est conservée à la Tour d’Anhaive comme témoin de l’histoire de la localité.

Jean-Louis Javaux,
Attaché honoraire au SPW,
Département du Patrimoine
Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice
du Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes

Pour en savoir plus :
M. HAINE ET N. MEEUS (DIR.), Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du 9e siècle à nos jours, Liège, 1985, s.v. Binamé, Slégers et Van Aerschodt. Voir également le site remarquablement bien informé tchorski.morkitu.org et celui de l’Association campanaire wallonne, asbl, campano.be.