La galerie Détour a soufflé ses 50 bougies

Pour la galerie Détour, l’année 2023 est une année importante puisque, outre son déménagement dans « Détour III » en mars, l’institution jamboise a fêté son 50e anniversaire. Un demi-siècle ! Et pour marquer ce jubilé, point de plaque commémorative, mais plutôt un événement conceptuel en trois temps proposé par le comité artistique en collaboration avec le Syndicat d’Initiative de Jambes.

En guise de premier temps fort, l’exposition thématique « (25+50) + (25-50) = 50e anniversaire ». Elle s’est tenue du 11 octobre au 10 novembre et a accueilli 50 artistes, dont 25 de plus de 50 ans qui ont exposé à la galerie au cours de la dernière décennie, eux-mêmes invitant chacun un artiste de moins de 50 ans avec lequel ils nouent un lien artistique. Le résultat ? Une mise en valeur de l’art contemporain dans toute sa créativité et sa diversité à travers des œuvres aux expressions artistiques les plus variées : tableaux, installations, dessins, photos, sculptures, tissage, … Si l’anniversaire a permis de créer 25 duos d’artistes ― parmi lesquels 25 personnes nées avant et autant nées après la création de la galerie ― la scénographie de l’exposition a davantage privilégié l’harmonie de tons ou de sujets, brisant parfois les duos sans altérer la cohérence globale de l’exposition. On rappellera que celle-ci n’avait pas à proprement parlé de fil rouge ; seule la dimension des œuvres était imposée : elle ne pouvait pas dépasser les 50 x 50 cm, ou 40 x 40 x 40 cm lorsqu’il s’agissait d’une œuvre tridimensionnelle.

Deuxième temps fort, en prélude à l’exposition : le vernissage, un événement à part entière qui a eu lieu le 10 octobre, soit la veille de l’ouverture au public. Il a débuté dans l’auditoire Berthe Pouleur avec, comme il se doit, la prise de parole d’André Lambotte, président du comité artistique, et de Maxime Prévot, bourgmestre de Namur en charge de la culture. On retiendra de l’intervention d’André Lambotte l’importance du rôle de la galerie dans la promotion de l’art, en particulier des arts plastiques contemporains, « dans un monde où le grand marché de l’art confond souvent l’artistique et l’économique, ou encore dans une société qui, préoccupée par qui tout ce qui se passe aujourd’hui, préfère se divertir dans des événements plutôt que de s’intéresser à l’art et de se soucier des artistes ».

Ce fut également l’occasion de rappeler que la singularité de Détour réside dans une programmation éclectique, allergique aux modes, s’ouvrant à toutes les techniques artistiques, à toutes les tendances et à toutes les générations de créateurs. « Une sélection affranchie de tout impératif commercial (entrée gratuite), préférant offrir au public découverte sur découverte plutôt que privilégier les artistes les plus médiatisés ».

Avant de céder la parole à Maxime Prévot, André Lambotte a remercié Pierre-Olivier Rollin, directeur du BPS22 de Charleroi (Musée d’art de la province de Hainaut), qui fait écho à cet anniversaire jusqu’au 7 janvier prochain en présentant l’ensemble des cartons d’invitation aux expositions organisées par la galerie lors de ces dix dernières années.

« La culture est du bifteck pour les neurones »

Lors de son intervention, et après avoir successivement salué Claude Lorent d’avoir créé un lieu d’expression artistique où l’on peut sublimer les artistes dans leurs diversités, et André Lambotte d’avoir repris le flambeau, le bourgmestre a rappelé la possibilité pour Détour de bénéficier dans les années à venir d’une extension en occupant les locaux, alors libérés, de la bibliothèque. Et Maxime Prévot d’ajouter que « consolider un lieu d’exposition comme celui de la galerie, au cœur de Jambes, est tout sauf anecdotique. C’est un élément essentiel, d’autant que les endroits de l’espèce sont rares sur le territoire communal ». Il y a bien la galerie du Beffroi, mais il faut savoir qu’elle n’est pas propriété de la ville, et que rien ne garantit qu’elle ne sera pas consacrée à d’autres activités dans le futur.

Le bourgmestre a également mis en exergue le concept original de l’exposition anniversaire, louant l’initiative d’avoir invité des ténors familiers du lieu à promouvoir de jeunes artistes. « Cette démarche de passation de relai, qu’il soit générationnel ou inspiré, est quelque chose d’extrêmement important pour que la culture toujours vive. » Et de conclure : « On le sait, la culture, c’est du bifteck pour les neurones. Et aujourd’hui, on a largement besoin d’être interpellé par l’art. La culture est un élément majeur du développement humain et de l’essor urbain ».

Troisième et dernier temps fort de ce jubilé : la conférence intitulée « Bien fait, mal fait » initiée par le collectif artistique de Détour. Face à un auditoire bien peuplé pour un dimanche matin, le conférencier Christophe Veys, directeur du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, a porté le débat sur le caractère indispensable ou facultatif du savoir-faire des artistes, illustrant son propos avec les travaux de Patricia Piccinini, Ron Mueck, Guillaume Bresson, Claude Closky, Martin Creed et Erwin Wurm, soit autant d’exemples idéalement choisis pour conclure qu’il n’y a pas de travail bien fait ou mal fait. Si certains artistes contemporains forcent l’admiration par leur maitrise technique, d’autres bousculent le public par la pauvreté des moyens mis en œuvre. Pourtant, les uns et les autres peuvent interpeller, émouvoir, faire réfléchir ou sourire…  Cette conférence a apporté un regard éclairant sur la pluralité des expressions artistiques d’aujourd’hui.

Le catalogue « 50 ans de Détour » est disponible à la galerie, ainsi qu’au Syndicat d’Initiative de Jambes au prix de 15 €.

La galerie en visiteurs :
2021 : Année « Covid » avec visite sur inscription et par groupes de maximum 4 personnes à la fois : 937 visiteurs
2022 : 940 visiteurs
2023 : Plus de 1.300 visiteurs, alors que l’exposition de décembre n’est pas terminée

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