Couvercle en céramique du Haut-Empire romain avant restauration
Détails du couvercle en céramique montrant les collages entre tessons et comblements. Deux adhésifs différents ont été utilisés, permettant d’affirmer que la pièce s’est brisée à deux reprises, la deuxième fois en 3 parties.
À gauche, couvercle en céramique du Haut-Empire romain en cours de restauration, à droite, après restauration.
Restaurer une œuvre, c’est prolonger sa vie, tout en améliorant sa lisibilité au travers d’étapes qui, en théorie, peuvent être les mêmes d’une œuvre à l’autre : nettoyage, consolidation, stabilisation, protection, etc. En pratique toutefois, l’œuvre étant unique, sa restauration exige un travail particulièrement soigné.
La restauration ? Une mesure de sauvegarde parmi d’autres
La sauvegarde du patrimoine culturel matériel a pour but de permettre aux générations présentes et futures de profiter des objets du passé. Elle se réalise par le biais de diverses mesures et actions dont certaines relèvent de la conservation-restauration. Cette discipline comporte trois aspects : la conservation préventive, la conservation curative et la restauration. Alors que la conservation préventive comprend toutes les opérations indirectes (stockage, emballage, contrôle environnemental, etc.) permettant d’empêcher ou de minimiser les dégâts que pourrait subir une pièce en créant des conditions optimales de conservation, la conservation curative inclut quant à elle l’ensemble des actions qui sont menées directement sur l’objet lorsque son existence est menacée (assainissement, consolidation, etc.). Elle vise à stopper la détérioration d’une pièce, parfois même au prix d’une modification de son apparence. Pour sa part, la restauration consiste en une intervention directe sur l’œuvre visant à prolonger sa vie et à en améliorer la lisibilité, l’appréciation et l’usage. Les décisions prises dans le cadre de la conservation-restauration peuvent répondre à plusieurs de ces aspects, alliant par exemple conservation curative et restauration
Le principal élément qui va en premier lieu conditionner le travail est, bien entendu, le matériau constituant l’objet. En effet, chaque matériau nécessite une intervention spécifique qui se fera selon des processus et des produits différents. Ce caractère propre implique que le restaurateur dispose de bonnes connaissances techniques sur le matériau concerné, mais également d’une solide expérience. Celle-ci lui permet d’entrer en familiarité avec l’objet, et de sélectionner les techniques nécessaires et adéquates à sa restauration. Afin de traiter ses céramiques gallo-romaines endommagées, le musée de la Tour d’Anhaive s’est ainsi tourné vers une spécialiste en la matière : Justine Gautier, conservatrice-restauratrice attachée au Centre d’Etudes et de Documentation Archéologiques du Musée du Malgré-Tout.
Un second élément qui oriente le travail de l’expert se trouve être l’utilisation sociale de l’objet, c’est-à-dire l’usage qui lui est réservé en tant que bien du patrimoine culturel. Que l’objet soit destiné à l’étude, à l’exposition ou encore à l’entreposage peut, en effet, conduire à réaliser des choix d’intervention différents. Ceux qui ont présidé à la restauration de nos pièces de collection ont pour leur part été opérés en tenant compte de leur exposition future et en permettant la valorisation de leurs caractéristiques illustrant les enjeux mêmes de la restauration au cours du temps.
Enfin, malgré la spécificité de chaque œuvre, certains principes généraux se dégagent de la profession considérée et correspondent à un véritable code d’éthique à respecter impérativement. Parmi ces obligations déontologiques figure la nécessité pour le conservateur-restaurateur de respecter la signification esthétique, historique et spirituelle des biens qui lui sont confiés, de même que leur intégrité physique. Aussi a-t-il le devoir de suivre les trois principes de réversibilité, de traitement limité au maximum et d’intervention décelable. Toute action menée sur l’œuvre doit, en effet, pouvoir être annulée à tout moment afin de faciliter les interventions futures, se restreindre au strict minimum, et être encore perceptible à l’œil nu ou décelable suivant certaines méthodes d’examen.
En fin de compte, le restaurateur expérimenté comprend la matière première du matériau, sa création et ses techniques, et discute nécessairement avec le propriétaire, ou responsable légal, de l’histoire et de la destination propres à l’objet qui lui est remis. Son travail nécessite généralement un important volet de recherche et de documentation. Cette recherche prend la forme d’une « carte d’identification » répertoriant toutes sortes d’informations sur l’objet : période, provenance, auteur, technique, matériau, etc. Il lui est aussi indispensable de tenir un journal des différentes interventions permettant aux futurs restaurateurs de retravailler l’objet sur la base de matériaux plus appropriés qui pourraient avoir été découverts, et aux conservateurs de documenter la traçabilité de l’objet.
Déontologie liée au chantier de restauration
Dans le cadre du travail de restauration réalisé par Justine Gautier sur un ensemble de céramiques gallo-romaines, les interventions consignées sur chacune des fiches de restauration traduisent le cadre et le respect du code déontologique lié à la profession. Les objectifs de la restauration y sont clairement stipulés :
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faciliter la lecture en respectant l’intégrité esthétique, historique et physique de l’objet ;
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rendre la lisibilité à l’objet en procédant à un nettoyage, à une éventuelle consolidation, et en reprenant la plupart du temps l’ancienne restauration ;
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améliorer la stabilité de l’objet et l’aisance de manipulation en consolidant les anciens collages ou en refaisant ceux qui le nécessitent à l’aide d’un adhésif stable dans le temps et réversible.